The Patriot : Le porte-étendard
Cinéma

The Patriot : Le porte-étendard

Qu’on brandisse la bannière étoilée: voilà qu’en cette veille de fête nationale, Roland Emmerich (l’homme derrière l’infâme Godzilla, l’abject Independance Day et l’imbuvable Universal Soldier) nous catapulte une production de 80 millions de dollars, où l’on s’active à flatter l’ego nationaliste sur fond d’aventure et de romance.

Ah! les Américains… S’ils n’existaient pas, il faudrait les inventer. C’est connu, ils ont la fibre patriotique grosse comme des câbles. Leur chauvinisme est légendaire et tentaculaire. Ils adorent (se) rappeler comment leur liberté, si chèrement acquise, a développé chez eux le sens des principes et le goût de la justice. Qu’on brandisse la bannière étoilée: voilà qu’en cette veille de fête nationale, Roland Emmerich (l’homme derrière l’infâme Godzilla, l’abject Independance Day et l’imbuvable Universal Soldier) nous catapulte une production de 80 millions de dollars, où l’on s’active à flatter l’ego nationaliste sur fond d’aventure et de romance. Et qui pouvait mieux incarner le vaillant patriote que le sex-symbol vieillissant, Mel Gibson; qui sait déjà comment courir dans un champ avec une arme depuis Braveheart? Cette fois, il nous sert le rôle un brin plus convaincant du papa poule veuf, avec sept mioches sur les bras, et qui refuse de faire la guerre car sa sagesse et son expérience lui ont enseigné qu’elle ne faisait que des perdants. Mais son pacifisme n’aura qu’un temps. Voyant ses fils tomber aux mains de l’ennemi anglais, c’est bien malgré lui qu’il s’enrôlera, davantage par esprit de vengeance que pour ses principes, à la tête d’une milice patriote. Et c’est ainsi qu’il roulera sa bosse pendant plus de deux heures et demie que dure le film, toujours fonceur, jamais vaincu.
À cette trame aventureuse viendra se greffer une histoire d’amour, truffée de clichés et de mauvais goût, mettant en scène l’aîné de notre patriote (Heath Ledger) avec une brave villageoise aux yeux transpirant l’innocence et la naïveté (Lisa Brenner). Leurs rencontres épisodiques se voudront enflammées. Car, on s’en doute, la lutte libertaire interpellera particulièrement les hommes, qui laisseront le sexe faible sur le pas de la porte, le coeur gros et les yeux mouillés.
Ce drame épique est bien sûr enveloppé d’une ardente foi catholique qui vient nous rappeler que les États-Unis d’Amérque se sont bâtis sur un fusil et une Bible. Conclusion: si le 4 juillet venu, vous vous découvrez subitement un intérêt criant pour la guerre d’indépendance américaine, courez plutôt louer le film Revolution de Hugh Hudson (1985). Vous y verrez Al Pacino, autrement plus subtil que Mel Gibson, qui, dans un rôle de déserteur, incarne davantage l’esprit rebelle et insoumis du patriote de l’époque.

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