The Perfect Storm : Le creux de la vague
Cinéma

The Perfect Storm : Le creux de la vague

Durant l’automne 1991, six pêcheurs de Gloucester, au Massachusetts, partis taquiner l’espadon un peu plus loin que d’habitude, se sont retrouvés pris dans un des pires ouragans jamais enregistrés dans ces latitudes. Le bateau, l’Andrea Gail, ne résista pas et les six hommes périrent. Le drame est devenu un roman de Sebastian Junger, et un film de Wolfgang Petersen, réalisateur de Das Boot, de In the Line of Fire et d’Air Force One. Autant dire que dans le genre «aventure virile», ça situe.

Durant l’automne 1991, six pêcheurs de Gloucester, au Massachusetts, partis taquiner l’espadon un peu plus loin que d’habitude, se sont retrouvés pris dans un des pires ouragans jamais enregistrés dans ces latitudes. Le bateau, l’Andrea Gail, ne résista pas et les six hommes périrent. Le drame est devenu un roman de Sebastian Junger, et un film de Wolfgang Petersen, réalisateur de Das Boot, de In the Line of Fire et d’Air Force One. Autant dire que dans le genre «aventure virile», ça situe.
Généralement, les producteurs ont peur de l’eau: la vague défonce toujours le budget, de Jaws au Titanic, en passant par Waterworld. Bizarrement, cela ne les empêche pas de continuer. Pour appâter le poisson, Petersen a composé une brochette d’acteurs solides: le tandem de Three Kings, George Clooney, dans le rôle du capitaine, et Mark Wahlberg en second; accompagnés de William Fichtner, John C. Reilly, Allen Payne et John Hawkes. Au port, les attendent, éplorées, Diane Lane et Mary Elizabeth Mastrantonio. Avant la sortie du film, on a parlé de la reconstruction identique de l’Andrea Gail, d’une cuve gigantesque du studio de la Warner ayant servi à The Old Man and the Sea, de plusieurs effets à l’ordinateur (dont la vague fatale de l’affiche), de mémorables sorties en mer où toute l’équipe vomissait tripes et boyaux, et de quelques prises de vue effectuées durant Floyd, autre ouragan mémorable.
Petersen avait des moyens et une histoire simple, sans happy end: il pouvait donc faire un superbe film d’aventures. Mais quel flop… Bien sûr, la mer déchaînée a la couleur du mercure et n’a plus rien de liquide, et on plonge quelques fois en apnée. Mais le reste est à jeter. Le film démarre comme un escargot sur fond de préparatifs à la Apollo 13. Les liens entre les personnages sont bouleversants de platitude (les femmes pleurent sur le quai, les hommes ont la mer dans le sang); et il faut voir Clooney se lancer dans la poésie marine fce à une Mastrantonio toute chavirée… Ça vaut son pesant de morue. Rappelons que le beau George est nettement plus à l’aise dans des rôles cyniques, un rien plus louches. Sur le bateau, la psychologie masculine est séparée entre prises de bec et tapes sur l’épaule: quand il n’y a pas de poissons, ils s’engueulent; quand les cales sont pleines, ils sont contents. C’est connu, les marins ne sont pas des bavards et, vu la qualité des dialogues, The Perfect Storm aurait gagné à être un film muet. Et sans musique! Car d’insupportables violons engluent toute profondeur sonore, du début à la fin. Même pas sûr qu’on entende les mouettes… Parallèlement aux aventures de nos mariniers, Petersen fait du remplissage et balance un sauvetage de voilier et des péripéties de garde-côtes dont on se fout complètement. Scénario mal écrit, beaucoup trop long, avec des scènes déséquilibrées et parachutées n’importe comment; prises de vue sans imagination aucune, et sans relief (ce qui est le comble par Force 12): on se croyait parti pour une aventure en haute mer, un voyage qui aurait eu un peu de capitaine Ahab dans les veines; bref, de quoi redorer le blason de l’épopée. À la place, on a eu un petit film mouillé, même pas foutu de saluer correctement l’héroïsme de prolétaires qui sentent le poisson…

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