Rien à faire : Madame est au chômage
Cinéma

Rien à faire : Madame est au chômage

Dans Rien à faire, Marion Vernoux (Personne ne m’aime, Love,etc.) tente le portrait de la provinciale un peu niaise qui, du fond de son HLM, cultive la pensée du «née pour un p’tit pain».

Un film français qui démarre sur une chanson du genre: «Je lui dirais les mots bleus, ceux qui parlent avec les yeux…» est toujours un peu inquiétant. C’est qu’on craint l’hémorragie du «quétaine_» made in France, alors que le nôtre nous suffit amplement. Dans Rien à faire, Marion Vernoux (Personne ne m’aime, Love,etc.) tente le portrait de la provinciale un peu niaise qui, du fond de son HLM, cultive la pensée du «née pour un p’tit pain».

C’est que les journées sont un brin trop longues pour Marie-Do (l’excellente Valérie Bruni Tedeschi) qui souffre d’un malaise de plus en plus contagieux: le chômage. Alors, pour tromper l’ennui, elle s’acharne sur les concours radiophoniques, fixe le tube cathodique, épluche les magazines féminins et s’adonne aux joies de l’aérobie. Mais tout ceci n’apaise pas sa rage de consommation qu’elle assouvit quotidiennement au supermarché du coin. Posséder donne l’impression d’exister.

Et c’est là, en sillonnant les allées, qu’elle rencontre un homme partageant son désoeuvrement, mais pas sa condition. Pierre Percé (Patrick Dell’Isola), cadre supérieur momentanément «hors poste», se permet du bon vin et des aliments sains là où Marie-Do s’équipe en jus artificiels et en hamburgers congelés. On l’aura compris, nos deux personnages s’appliquent à incarner le cliché de la prolétaire et du bourgeois.

Malgré le fameux fossé, ils sympathiseront jusqu’à l’étreinte interdite. Interdite, car tous deux sont mariés. Mais ne comptez pas sur le mari de la chômeuse pour freiner leurs ébats. Dans un rôle plus que secondaire, le très attendu Sergi Lopez (Western, La Nouvelle Ève, Une liaison pornographique) ne fera ici que de brèves apparitions pour lire son journal et engueuler les enfants…

Bref, il y avait là un sujet prometteur sur la valeur du travail dans nos sociétés que Marion Vernoux a sacrifié par manque de subtilité. Dans un monde où identité se confond avec profession, le désoeuvrement peut prendre des alures de crise existentielle. Rien à faire opte pour l’échappatoire de la séduction. Il en résulte un film un peu fade, une amourette adultère, qui glisse sur notre mémoire comme une goutte sur un dos de canard.

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