Inséparables : Retour au bercail
Cinéma

Inséparables : Retour au bercail

Premier film de Michel Couvelard, Inséparables n’est ni un chef-d’oeuvre du genre ni un ratage complet; mais quelque chose entre les deux où l’on sent l’effort, et qui n’arrive jamais à vraiment décoller.

On le sait depuis longtemps, le cinéma français fait beaucoup dans la tranche de vie. Bien fines ou grossièrement découpées, ces tranches de quotidien donnent parfois des films forts (La Vie des anges, par exemple): lorsqu’il y a un regard, un univers, une volonté de transcender le réel par le cinéma. Hélas, ça donne souvent des films anecdotiques, qui font bâiller, et dont la liste serait trop longue à faire… Premier film de Michel Couvelard, Inséparables n’est ni un chef-d’oeuvre du genre ni un ratage complet; mais quelque chose entre les deux où l’on sent l’effort, et qui n’arrive jamais à vraiment décoller.
Quadragénaire tout neuf, comédien parisien réduit à vendre des produits de nettoyage sur les marchés, Robert (Jean-Pierre Darroussin) est en remise en question, sinon en dépression. Il retourne à Boulogne-sur-Mer, sa ville natale, où il retrouve, après vingt ans d’absence, sa soeur Gisèle (Catherine Frot), femme énergique, célibataire, maîtresse de son chef de service; et sa vieille mère (Marie Mergey) qui vit avec le troisième enfant de la famille (Daniel Isoppo), simple d’esprit. Débarquant tel un revenant sur les lieux de son enfance, Robert provoquera une série d’incidents, dans la vie des autres, et aussi dans la sienne, alors qu’il retrouve des racines étouffantes, mais immuables.

Divisés à parts égales entre le frère et la soeur (pas un plan dans lequel l’un ou l’autre ne soit), Inséparables est une comédie triste sur deux personnages à l’heure des bilans. Pas de hauts cris, de grandes résolutions ou de revirements dramatiques: Michel Couvelard fait dans la petite touche qui sonne vrai, dans l’impressionnisme réaliste. Dans le même genre, Le Bleu des villes ou Peau neuve, d’Émilie Deleuze (qui, elle aussi, montrait un homme en crise) avaient plus de nerf. Dans Inséparables, on ne peut que reconnaître la qualité d’écriture de Couvelard, apprécier son refus de grandiloquence, sans pour autant tomber dans la hronique grise; mais l’incertitude glauque qui marque les personnages imprègne peu à peu le film, jusqu’à le rendre quelconque.

Sans être un «film à scènes», Inséparables est avant tout un film d’acteurs, dans lequel Jean-Pierre Darroussin et Catherine Frot composent des personnages, sinon originaux, du moins attachants. Ce n’est malheureusement pas suffisant pour combler les lacunes d’un premier film trop appliqué pour être vivant.

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