Jésus nous aime : Petit miracle
Cinéma

Jésus nous aime : Petit miracle

En pleine saison sèche, on nous catapulte un des films les plus brillants que nos écrans aient encaissés ces derniers mois. Et comme pour marquer son coup, on lui accole un titre bizarre: Jesus’ Son (Jésus nous aime).

Il faut dire que ces derniers temps, on avait redoublé d’ardeur dans nos prières. Les deux mains jointes, on implorait la sortie d’un film intéressant. La Providence semble avoir entendu nos doléances. Ainsi, en pleine saison sèche, elle nous catapulte un des films les plus brillants que nos écrans aient encaissés ces derniers mois. Et comme pour marquer son coup, elle lui accole un titre bizarre: Jesus’ Son (Jésus nous aime).

Ce n’est pas pour manquer de respect à l’institution divine, mais dans Jesus’ Son, le fils du Sauveur se nomme Fuckhead. C’est embêtant, avouons-le, mais ça n’a rien de blasphématoire. Toujours est-il que ce FH (pour faire plus court) semble être associé à la Trinité davantage par sa naïveté que pour ses vertus mystiques. Car il en faut de la naïveté pour vouloir sauver le monde. Surtout lorsqu’on est soi-même au bord du gouffre. Billy Crudup incarne ici solidement un héroïnomane victime de l’ennui plus que du désespoir. Paumé, ce grand naïf charriera son existence boiteuse au gré des jours avant que la main pesante de la rédemption ne lui tapote l’épaule. Car, en fait, FH est foncièrement bon. Du mal, il n’en a fait à personne. C’est presque par mimétisme qu’il s’est adonné aux plaisirs artificiels. En fait, depuis qu’une junkie nommée Michelle (Samantha Morton, la fiancée peu bavarde de Sean Penn dans Sweet and Lowdown) a usé de sa seringue dans sa cuisine après avoir usé de ses charmes sur lui. Dès lors, son existence sera ponctuée d’hallucinations, de crises de nerfs et de rencontres bizarres. Tel ce personnage de souffre-douleur, joué par Dennis Hopper, qui accumule les épouses violentes. Ou encore, cette veuve handicapée (Holly Hunter) à qui le destin n’a jamais consenti un mari puisque la mort s’applique à les faucher.

Force est de constater qu’avec son deuxième long métrage, la cinéaste d’origine canadienne Alison Maclean (Crush) a réussi un coup de maître qui inspire le respect. Car, ce n’étit pas chose facile que d’adapter au cinéma les courtes histoires de l’écrivain et poète américain Denis Johnson. Pour contourner ce danger d’effritement du récit, Alison Maclean a imposé une jouissive structure en épisodes, chapeautée d’une narration aussi lucide qu’ironique. Le résultat est un pur délire qui fait penser, à plusieurs égards, à l’excellent Buffalo 66 de Vincent Gallo, la référence religieuse en moins.

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