Hollow Man : Le trou noir
Cinéma

Hollow Man : Le trou noir

Un homme sans visage, ça manquait. On se souvient encore de Claude Rains dans le film de 1933, de ses angoisses existentielles et de quelques bons trucages; mais on avait hâte que l’homme invisible se dépoussière…

Un homme sans visage, ça manquait. On se souvient encore de Claude Rains dans le film de 1933, de ses angoisses existentielles et de quelques bons trucages; mais on avait hâte que l’homme invisible se dépoussière… Malheureusement, avec Hollow Man, l’enthousiasme ne fait pas long feu. C’était oublier le peu de talent de Paul Verhoeven. L’Allemand d’Hollywood a quand même à son actif Basic Instinct, Total Recall, Robocop et Showgirls. On devrait avoir compris depuis le temps: le gars ne sait pas tenir une histoire, n’en a rien à faire ni des dialogues (des perles de niaiseries) ni de la psychologie des personnages (deux mimiques pour les héros; une seule pour les personnages secondaires) et balance tout le fric dans des machines à effets spéciaux. Et il tartine épais sur la violence gratuite et le sexe puéril. Ça frise le film de série B à tendance culte; ça sent le psychotronisme qui s’ignore. Sur papier, pourtant, l’histoire est jubilatoire. Un savant génial, qui trouve la formule de l’invisibilité, s’innocule le sérum. Malheureusement, il n’arrive pas à redevenir visible, et son état le rend de plus en plus nerveux et méchant. On aurait pu se laisser aller dans le visionnaire philosophique et servir élégamment H.G. Wells. Que non! Kevin Bacon, qui prête ses pommettes et son beau postérieur au savant fou, n’a que deux idées en tête: rester le chimiste le plus génial du monde et sauter le maximum de filles. Son infernale libido serait d’ailleurs à la base de sa méchanceté, puisqu’il s’acharne sur son ex (Elizabeth Shue, d’une nullité implacable), une collègue qui se pâme dans les bras d’un autre savant (Josh Brolin). Complètement déjanté, l’homme invisible en profite pour massacrer son équipe de travail, tous de sympathiques imbéciles (une exaltée, une Noire, un lourdaud, etc.). Bien sûr, les effets spéciaux sont étonnants, et on a droit à un cours en accéléré sur le corps humain (quoique ce soit plus drôle sur le gorille poilu). Mais, mieux que les prouesses techniques, il fat garder en mémoire quelques grands moments de Hollow Man: un sein malaxé par des doigts invisibles (beurk!), une fille organisée qui sait quoi faire dans un réfrigérateur, et un écorché sanguinolent qui n’en finit plus de courir sur des kilomètres de couloirs souterrains, un pied-de-biche à la main. Décors répétitifs, musique débilissime et litres d’hémoglobine en option. Circulez, y’a rien à voir.

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