Festival du film de Québec : Moll, Masson, Rapp
Cinéma

Festival du film de Québec : Moll, Masson, Rapp

Si c’est à la France que revient l’honneur d’inaugurer et de clôturer le Festival international du film de Québec, ce n’est pas vraiment une surprise. Après tout, c’est dans cette catégorie que l’on retrouve le plus de visages et de noms connus des cinéphiles d’ici. Une belle sélection de neuf films en tout, qui laisse surtout la place à de jeunes réalisateurs qui viennent de faire leur marque ou d’autres qui ne tarderont sûrement pas à s’imposer.

En ouverture du Festival, on pourra voir la comédie Meilleur espoir féminin de l’acteur-réalisateur Gérard Jugnot, remarqué entre autres dans le cultissime Le Père Noël est une ordure. Pour le coiffeur Yvon Rance (Jugnot), son espoir est celui de voir sa fille Laetitia lui succéder dans la profession, alors qu’elle se dirige plutôt vers une carrière au cinéma où elle vient d’obtenir un premier rôle.

Toujours dans le registre de l’humour mais sur un ton plus grinçant, Dominik Moll présentera son Harry, un ami qui vous veut du bien… en clôture du Festival. Le Harry en question est prêt à tout pour venir en aide à son copain Michel, dont les vacances s’annoncent plutôt difficiles et stressantes pour cause d’énervement familial chronique. Et quand on dit prêt à tout… À sa sortie en France, il y a peu de temps, les critiques ont louangé l’aisance de Moll à marier comédie et thriller. À surveiller.

Laetitia Masson retrouve son actrice fétiche Sandrine Kiberlain pour Love Me, ayant pour sujet la quête d’identité, où le passé se mêle étroitement au présent. Dans sa fuite d’un mystérieux inconnu, une jeune femme amnésique en vient à s’accrocher à un rocker (l’incontournable Johnny Hallyday), de qui elle tombera amoureuse. Masson reprend ici, après En avoir (ou pas) et À vendre, les thèmes de l’errance et de la fuite comme faux palliatifs aux vissicitudes de l’existence.

Autre variation sur les perversions cachées d’une rencontre, le producteur, réalisateur et journaliste Bernard Rapp explore avec Une affaire de goût l’étrange et tortueuse relation de pouvoir entre deux hommes. Nicolas, un jeune charmant et de goût mais sans-le-sous, se fait remarquer par un riche industriel qui le prendra sous son aile et fera de lui son… goûteur. Solide distribution ici avec Bernard Giraudeau, Charles Berling et Jean-Pierre Léaud.

On pourra voir cette année la toujours excellent Isabelle Huppert dans le Saint-Cyr de Patricia Mazuy, alors qu’elle sera chargée d’éduquer les filles du roy à la cour de Louis XIV. Mais tout ne va plus pour le mieux en ce qui concerne cette Madame de Maintenon; critique de moeurs sur fond de déchéance, on devine ce film historique comme étant beaucoup plus dramatique que sarcastique. Fait intéressant, Mazuy a été monteuse pour Agnès Varda avant de réaliser Peaux de vache en 1989.

Plusieurs des films français présentés cette année sont en fait des coproductions. Ce qui nous permettra ainsi de voir Les Passeurs de rêves du Kurde Hiner Saleem. Le réalisateur, inconnu ici, raconte l’histoire de deux jeunes Kurdes parlant français, Dolovan et Zara, prêts à tout pour gagner la France, terre promise qu’ils ne pourront jamais trouver ailleurs, surtout pas dans un endroit où la guerre et le mépris couvent sans cesse.

Autre oeuvre sur l’espoir mais à une autre échelle, Le Monde de Marty de Denis Bardiau suit la rencontre improbable et pourtant touchante entre le jeune Martin, alias Marty, et Antoine, un vieil homme atteint d’Alzheimer et cloîtré dans sa chambre au service de gériatrie. Un échange de visions et surtout de sentiments qui est, paraît-il, d’un optimisme inébranlable sans être ronflant.

Autre rencontre et choc de mondes que tout sépare que celle de Sur quel pied danser? de Jacques Fansten. Ici, c’est une femme bien ordinaire de 35 ans dont le chemin croise celui de Julien, un SDF de 15 ans. Un apprivoisement difficile qui laissera la place aux ambiguïtés et à l’attachement. Fansten dit avoir voulu faire un film sur la liberté. Difficile de ne pas le croire avec un sujet pareil.

Après le succès de Vénus Beauté [Institut] (César du meilleur film), la réalisatrice Tonie Marshall récidive avec Tontaine et Tonton, où deux anciens copains de lycée se retrouvent à draguer à mort la même jeune femme, une étudiante obsédée par Mitterand et qui jouera le jeu des deux opposants. Maintenant, faites voschoix!y

Du 1er au 7 septembre
Au cinéma Place Charest et au Grand Théâtre

Voir calendrier Festival international du film de Québec



L’Invention de l’amour
Un jeune écrivain (David La Haye), qui planche sur son second roman, ne parvient pas à oublier son ex-blonde. Il rencontre Charlotte (Pascale Montpetit), femme heureuse en ménage et qui, pourtant, aura une liaison avec le romancier qui se cherche… Après quelques courts métrages (Le diable est une petite fille, Une nuit avec toi), Claude Demers signe un premier long métrage qui pourrait créer la surprise… (É.Fourlanty)



La Noce
En 1990, le Prix du jury du Festival de Cannes décerné à Taxi Blues lança la carrière internationale de Pavel Lounguine, cinéaste russe francophile, qui nous revient aujourd’hui avec La Noce. Cette comédie dramatique, pour laquelle tous les acteurs reçurent, à Cannes, un prix d’interprétation commun, met en scène une famille des environs de Moscou qui se démène entre la joie de voir l’un de ses fils épouser son amour d’enfance, et la dépense énorme qu’occasionne ce mariage. Plus sobre que Kusturica, Lounguine mêle, si l’on se fie à Taxi Blues et à Luna Park, la tendresse, la violence, le grotesque et la poésie avec une touche toute slave. (É.Fourlanty)