Cinéma : Nos choix
Cinéma

Cinéma : Nos choix

Le Goût des autres, Les destinées sentimentales, Maelström, Hochelaga, Dancer in the dark, La bouteille, Traffic, etc.

Le Goût des autres

Première réalisation d’Agnès Jaoui, Le Goût des autres fut un énorme succès en France et l’un des films les plus attendus de la rentrée. Rappelons que Jaoui et Jean-Pierre Bacri (coscénariste du film) ont le vent dans les voiles: tout leur sourit depuis Cuisine et Dépendances, Smoking No Smoking, Un air de famille et On connaît la chanson… Acteurs et auteurs, il semble que leur filon créatif ne soit pas près de tarir.
Qu’est-ce que Le Goût des autres, sinon l’envie d’en savoir plus sur le genre humain? C’est l’histoire d’un chef d’entreprise qui rencontre une actrice, qui est amie avec une serveuse, etc. C’est l’histoire de personnages qui se bousculent; qui n’auraient peut-être pas dû se rencontrer, et qui, finalement, franchissent les barrières culturelles par le hasard des rencontres. Avec des rôles sur mesure pour Alain Chabat, Gérard Lanvin, et Wladimir Yordanoff. (J. Ruer)

Les Destinées sentimentales
Après des films plutôt intimistes (Irma Vep, L’Eau froide, HHH, Fin août, début septembre), Olivier Assayas donne dans la fresque majestueuse et très romantique; une idée qui lui trottait dans la tête depuis belle lurette: adapter à l’écran le roman de Jacques Chardonne, Les Destinées sentimentales.
Une histoire simple, celle d’un amour qui naît avec le siècle entre Jean (Charles Berling) et Pauline (Emmanuelle Béart); un amour qui traverse les médisances et la Première Guerre et qui fleurit au milieu des porcelaines de Limoges. Le style direct et intelligent d’Assayas se moule à ce doux récit, et l’interprétation magistrale des acteurs (fabuleuse Isabelle Huppert) fait de cette fresque de trois heures une très belle et très actuelle leçon de vie. (J. Ruer)

Maelström
Denis Villeneuve est en train de devenir un habitué des festivals: après avoir présenté à Cannes il y a deux ans son premier long métrage, Un 32 août sur Terre, il a amené cette année son dernier bébé, Maelström, en compétition officielle au FFM. Ce gagnant de La Course Europe-Asie, et coréalisateur de Cosmos, est accompagné dans cette nouvelle aventure par le directeur photo André Turpin et les producteurs Roger Frappier et Luc Vandal.
Si Un 32 août… nous laissait dans le désert, c’est par le monde aquatique que Maelström nous accroche: un poisson nous raconte l’histoire de Bibiane (Marie-Josée Croze) qui, après avoir heurté un passant en voiture, voit sa vie se transformer en un immense chaos. Impossible d’en dire plus: dans son style étonnant et poétique, avec les magnifiques images de Turpin, Villeneuve va trouver le moyen de parler d’amour, de la vie et de la mort! (J. Ruer)

Hochelaga
Autre film québécois inscrit dans la compétition officielle au FFM, Hochelaga est le second long métrage de Michel Jetté (Le Lac de la lune), aussi réalisateur de télévision (Le Match de la vie, Monde et Mystères et Enjeux). En pleine guerre des motards, il signe un film rugueux et réaliste sur les bikers.
Marc (Dominique Darceuil) est fasciné par une bande de motards, et il fait tout pour entrer dans le clan. Mais une fois dans l’organisation, le combat est perpétuel, et la survie, un enjeu. Entre la quête d’identité et une réflexion sur la manipulation, entre la fiction et le style journalistique, Hochelaga est une percée en territoire inconnu. Avec également Jean-Nicolas Verreault, Michel Charette, David Boutin et Ronald Houle. (J. Ruer)

Dancer in the Dark
Après le Prix du jury pour Europa, et le Grand Prix du jury pour Breaking the Waves, Lars von Trier a finalement remporté la Palme d’or pour une comédie musicale postmoderne, mélodrame minimaliste sur le sacrifice amoureux d’une femme, qui évoque un peu Breaking the Waves
Ici, il s’agit d’une immigrante tchèque vivant aux États-Unis, en 1962, qui épargne tout son argent pour faire opérer son fils, afin qu’il ne perde pas la vue comme elle, tous deux étant victimes d’une maladie héréditaire. Adepte passionnée de comédies musicales, elle s’imagine vedette de numéros musicaux, à la Chantons sous la pluie. Prix d’interprétation à Cannes, Björk a également signé les musiques et les chorégraphies de ce film où elle joue aux côtés de Catherine Deneuve, Joel Grey et Stellan Skarsgard. Pas mal pour une débutante, qui, par ailleurs, a annoncé qu’il s’agissait de son dernier rôle… (É. Fourlanty)

Harry, un ami qui vous veut du bien
Il fait une chaleur torride, les fillettes s’énervent dans la voiture, Michel et Claire (Laurent Lucas et Mathilde Seigner) se rendent dans le Cantal, dans leur "maison à retaper, beaucoup de cachet et de travaux, mais ça occupe". Vive les vacances! Jusqu’ici, tout va bien… Mais Michel rencontre, par hasard, un copain de lycée (Sergi Lopez) friqué, et tellement gentil qu’il n’aura qu’une idée en tête: aider Michel et sa famille. Au point de…
Finement écrit et brillamment réalisé par Dominik Moll, Harry, un ami qui vous veut du bien est une comédie noire sur laquelle plane l’ombre d’Hitchcock, musique inquiétante à l’appui. Pour une fois, ça marche, et le cinéaste tient la tension et l’humour jusqu’à une fin délicieusement amorale. Parmi une distribution impeccable, Sergi Lopez (Western, Une liaison pornographique) est savoureux de bonhomie et de trouble. (É. Fourlanty)

La Bouteille
Deux amis d’enfance (Réal Bossé et François Papineau) se retrouvent afin de déterrer un papier, enfoui 15 ans auparavant, et sur lequel ils avaient écrit leurs rêves d’avenir. Seul problème: le terrain appartient, maintenant, à un type (Jean Lapointe) qui monnaie chaque coup de pelle. Le village tout entier suivra les retrouvailles tragicomiques des deux amis…
Annoncé comme une comédie aigre-douce sur la poursuite du bonheur et l’illusion de la réussite, La Bouteille est le premier long métrage d’Alain Desrochers qui, après avoir réalisé plus de 70 vidéoclips, a signé quatre courts métrages remarqués: Hommage au cinéma, Ave Verum Corpus, Le Lièvre et la Tortue, et L’Oreille de Joé. Si l’on se fie aux qualités de ces derniers, La Bouteille, écrit par Desrochers et Benoît Guichard, et mis en images par Yves Bélanger, promet. Également avec Pascale Bussières, Sylvie Moreau, Jean Petitclerc et Jean-Pierre Ferland. (É. Fourlanty)

Traffic
Au sujet de son dernier film, Steven Soderbergh a candidement déclaré: "Tout ce que j’ai fait dans ma carrière jusqu’à présent m’a préparé pour ce film." On veut bien le croire. Soderbergh, c’est l’homme qui a récemment dépoussiéré Julia Roberts en lui offrant dans Erin Brockovich le rôle d’une bimbo-girl maternelle et politisée.
Après s’être penché sur l’agonie des petits poissons, le cinéaste s’intéresse cette fois à la politique américaine anti-drogues. Inspiré d’une série britannique des années 80, le film plonge dans les dédales de la législation des substances illicites en faisant un détour obligé par la corruption. Découpé en trois saynètes, le film met en vedette différentes facettes de ce trafic: Michael Douglas y incarnera la loi, Catherine Zeta-Jones y jouera la contrevenante avenante et Benicio Del Toro, un flic corrompu. (I. Lamouri)

Requiem for a Dream
Qui est le plus à plaindre: le jeune asservi à l’héroïne (Jared Leto) ou sa mère (Ellen Burstyn) ingurgitant pilule sur pilule pour retrouver la minceur qu’elle rêve d’exhiber sur un plateau de télévision? Deux formes de dépendance que le cinéaste Darren Aronofsky pose comme symptômes d’un flagrant manque à combler.
Adaptation du roman d’Hubert Selby, le scénario du film n’est qu’un prétexte pour s’imprégner du délire hallucinatoire de ses personnages désoeuvrés. Ici, les images semblent obéir aux états d’âme dans une subjectivité totale. Aronofsky pousse ainsi plus loin l’expérimentation formelle entreprise dans son premier film, Pi. Une audace esthétique qui lui a valu une place au sein de la Sélection Hors concours de Cannes. (I. Lamouri)

In the Mood for Love
La réputation de Wong Kar-Wai n’est plus à faire. Ses personnages inconsolables de solitude (Chunking Express, Falling Angels, Happy Together) sont souvent l’emblème sublimé d’un déracinement social, voire existentiel. Adulé à Cannes, il a raflé cette année le Grand Prix technique ainsi que le Prix masculin d’interprétation (Tony Leung). Des éloges qui engendrent beaucoup d’espoirs.
Toujours fidèle à sa thématique des amours impossibles, le cinéaste de Hong Kong propose ici la relation fragile qui se tisse entre un homme marié et sa ravissante voisine (Maggie Cheung), également engagée. Une amitié intéressée qui avortera lorsqu’ils constateront que leurs conjoints les ont précédés dans leurs intentions adultères. (I. Lamouri)