American Pimp : Mac attaque
Cinéma

American Pimp : Mac attaque

Si l’art de montrer sa cuisse est le plus vieux métier du monde, celui de proxénète a certainement suivi.

Si l’art de montrer sa cuisse est le plus vieux métier du monde, celui de proxénète a certainement suivi. Un protecteur sait se rendre indispensable, surtout lorsque c’est de lui qu’émanent les menaces. Et allez savoir pourquoi, aux États-Unis, le monopole du proxénétisme est détenu par les Noirs. Phénomène qu’un d’entre eux explique en rappelant que les dealers sont majoritairement blancs. Chacun sa part dans les métiers crapuleux. Et bien que les maquereaux inspirent répugnance à la plupart des gens, il n’en demeure pas moins que nombre d’Afro-Américains leur vouent une certaine admiration. Il n’y a qu’à penser à la figure mythique du pimp dans les films de Blaxploitation (Dolemite, etc.).
Après avoir flirté avec Hollywood (Menace II Society, Dead Presidents), et dans un ras-le-bol partagé, les frères Albert et Allen Hughes ont donc décidé d’autofinancer leur premier documentaire. Fascinés par le sujet, ils en proposent par contre un portrait gravement complaisant. C’est bien simple, les pimps y sont si attachants qu’on a presque envie d’aller arpenter les trottoirs américains pour goûter au regard bienveillant de ces hommes au grand coeur! Le tout est bien trop gentillet pour qu’on perçoive l’horreur du quotidien d’un souteneur. Les questions de la drogue, du racket et des règlements de comptes sont en effet évacuées avec une candeur désarmante.
Et les principales intéressées se comptent sur les doigts d’une main. Recrachant un discours préprogrammé, les rares prostituées du film avouent trouver en leur proxénète rien de moins qu’un frère. Dans une mise en scène paresseuse (caméra frontale, décor de carte postale, mur jauni comme toile de fond, quand ce n’est pas carrément la Maison-Blanche), les proxénètes, tels qu’on les imagine, bagues aux doigts et accoutrements clinquants, défilent à l’écran et témoignent de leur suffisance. Sur un ton philosophique, ils nous entretiennent avec affection de leurs écuries de cocottes, de leurs juments marquantes et de leurs pouliches montantes… Des hommes misérables qui, une fois l’an, ramassent leurs poules gloussantes et vont se mesurer à leurs confrères pour le concours du "Meilleur pimp". Réalité partielle d’un univers complexe.?

Au Cinéma du Parc
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