The Way of the Gun : À bout portant
Cinéma

The Way of the Gun : À bout portant

Le gars veut. Il veut être reconnu dans la lignée des Peckinpah, frères Coen et autres Tarantino. Et avec un seul film… Christopher McQuarrie est le scénariste oscarisé de The Usual Suspects, réalisé par son copain Bryan Singer, et l’auteur d’un premier film, The Way of the  Gun.

Le gars veut. Il veut être reconnu dans la lignée des Peckinpah, frères Coen et autres Tarantino. Et avec un seul film… Christopher McQuarrie est le scénariste oscarisé de The Usual Suspects, réalisé par son copain Bryan Singer, et l’auteur d’un premier film, The Way of the Gun. Il a inventé et réalisé l’histoire de deux psychopathes-desperados, Parker (Ryan Phillippe) et Longbaugh (Benicio Del Toro), qui kidnappent une mère porteuse (Juliette Lewis). Ils demandent une rançon au futur père, un homme d’affaires très pourri (Scott Wilson), entouré d’une épouse glaciale (Kristin Lehman), d’un fils médecin (Dylan Kussman), de gardes du corps infaillibles (Taye Diggs et Nicky Katt) et d’un liquidateur (James Caan); autant de personnages glauques qui agissent tous selon leur propre scénario, comme si aucun n’appartenait au même film. Si vous n’avez pas tout compris en sortant, ce n’est pas grave, ça va avec le style. Un tiers sang, un tiers déboulonnage de clichés, un tiers orchestration de règlements de comptes et un tout petit tiers de snobisme.

En fait, comme toujours dans le genre histoire pulpeuse, il y a quelques éclairs de très bon cinéma. Dans The Way of the Gun, la scène du kidnapping, de l’hôpital à la poursuite en voiture, est bien chorégraphiée. On passe plusieurs minutes entre des plages de silence, de réflexion et d’observation (on se pointe du pistolet, mais quand on se déplace, on annonce la couleur, comme sur un damier) et des moments d’accélération, où seul le corps fonctionne. Comme cette longue scène arrive au début, on se dit: chouette! le thriller attendu risque d’être plus intelligent que juste sanglant. Pas de chance… La suite n’est qu’une accumulation de scènes qui se veulent ultra-cool, mais qui ne mènent à rien. Un vaste jeu de chat et de souris qui aboutit à la frontière mexicaine, dans un bordel délabré et une surdose d’hémoglobine. En Butch Cassidy et le Kid bêtes et méchants, Del Toro joue le wise guy un peu primate et Phillippe se prend pour Brando (il se veut intense, mais il reste mou). Juliette Lewis demeure une mauvaise actrice, surtout enceinte jusqu’aux dents, et James Caan pourrait finir par faire peur, genre sadique souriant, avec sa balafre, son look trop propre et une rigidité anormale dans le haut du corps. Soutenu par une philosophie faussement amorale et une pléiade de proverbes à la noix ("Karma is justice without a satisfaction" ou "There’s always free cheese in a mousetrap"), il est tout de même difficile de prendre The Way of the Gun au sérieux.

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