Pay It Forward : La grande misère
Cinéma

Pay It Forward : La grande misère

Un gamin de 11 ans (Haley Joel Osment) décide de suivre à la lettre une idée de son prof (Kevin Spacey): Que puis-je faire pour que cette terre soit un monde meilleur?

Un gamin de 11 ans (Haley Joel Osment) décide de suivre à la lettre une idée de son prof (Kevin Spacey): Que puis-je faire pour que cette terre soit un monde meilleur? Le petit "invente" une formule magique: aider trois personnes qui, pour le remercier, doivent, à leur tour, venir en aide à trois autres personnes. Son truc marche et sa maman serveuse (Helen Hunt), sa mamie poivrote (Angie Dickinson), son prof, un junkie candide (James Caviezel), et un journaliste (Jay Mohr) sont les premiers bénéficiaires de cette médecine. Mais rien pour le méchant papa buveur et violent qui n’aime pas son fils (Jon Bon Jovi). Seulement les gentils.

Vu la liste de vedettes, le nombre d’oscarisés (deux statuettes pour Spacey, une pour Hunt, et une nomination pour Osment), et les créations passées de la réalisatrice (The Peacemaker, Deep Impact, et la série ER), Mimi Leder aurait dû assurer. Elle devrait maintenant penser à se recycler. Avec une mise en scène d’un ennui total où les choix de plans ne semblent jamais être les bons et où le scénario ne tient pas debout (on se fout totalement de l’histoire du journaliste et de sa jaguar donnée), Leder filme un mélo ultra-conventionnel qui aimerait cependant glisser dans l’air du temps. Les vues aériennes de la banlieue de Las Vegas et quelques notes de piano rappellent American Beauty; et Helen Hunt est aussi chic que Julia Roberts dans Erin Brockovich. On veut qu’elle soit vraie, cette serveuse, et tout dans le film doit sentir le réel: la tignasse hirsute d’Angie Dickinson, les ongles sales de Caviezel, les cicatrices de Spacey, les détecteurs d’armes, la violence à l’école et la foule compacte qui s’éclaire à la bougie dans une veillée aux morts finale. As seen on TV.

Le drame imbuvable n’est supportable que s’il est sous-tendu par un minimum de vision. Une exagération de la couleur et des sentiments chez Douglas Sirk ou un style grunge chez Lars von Trier ne sont pas fortuits. On ne trouve aucune prétention artistique de ce genre dans Pay It Forward; juste de bons acteurs qui se font beaucoup de tort dans un gigantesque soap mal fagoté, une opération Kleenex pour un show d’Oprah, une vomissure de la pensée magique. Réunir dans une même histoire un père violent, un enfant qui se prend pour Jésus, une alcoolo, un grand brûlé, et un gentil clochard n’est pas une vision éclairée sur le monde; c’est plutôt le compte rendu mathématique et méprisant de la misère. Et ce petit Haley Joel Osment a une bonne bouille; mais à force d’aider les morts et les miséreux, il lui faudra bientôt une thérapie. Canonisez-le.

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