Festival du cinéma international : Les histoires d'en haut
Cinéma

Festival du cinéma international : Les histoires d’en haut

Pas un seul commentaire sur le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue n’est formulé sans qu’il ne soit question de l’accueil.

C’est systématique: pas un seul commentaire sur le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue n’est formulé sans qu’il ne soit question de l’accueil. Tout y passe: la situation géographique, l’efficacité des bénévoles, la ponctualité des projections. On mise beaucoup sur l’interaction entre les festivaliers et les gens de cinéma, sur la proximité des rapports; la vie de famille, quoi! Quand on a Jacques Matte, directeur du festival, devant soi, à quelques jours du coup d’envoi de la dix-neuvième édition, pas question de ressasser les mêmes flatteries.

"Ce qui fait la force du Festival, observe Matte, c’est qu’on respecte les invités. Il n’y a pas de réalisateurs débutants. Il n’y a pas de statut social. Tout le monde mange ensemble. Ici, on ne peut pas jouer la game du star-système parce qu’on aurait l’air fou. T’imagines une Rolls Royce en face du Théâtre du cuivre? La seule personne qui est accueillie en star, c’est (le réalisateur) Jean-Claude Labrecque, un des visiteurs de la première heure. On le reçoit comme si c’était Mick Jagger! De toute façon, les choses se font différemment en région. Dès 1976, il y a eu ébullition: Richard Desjardins et André Blanchard se lançaient dans le cinéma, Perrault tournait en région, Paule Baillargeon originaire de Val-d’or, commençait à faire des films, plus le parti communiste ouvrier, les féministes… C’est bien simple: tout le monde faisait du cinéma! Le Festival est sans contredit une source née de cette époque."
On sait son Festival audacieux, sans être tendancieux. Avec quelques bonnes bobines sous la main,Matte n’aspire à être ni Losique ni Chamberlan: pas le même bassin de population, ni le même mandat. Ici, il y a trois épreuves au programme: le long métrage, le court-moyen et l’animation. On admire son support indéfectible au cinéma québécois (Les Muses orphelines, de Robert Favreau, en coup d’envoi; Café Olé, de Richard Roy; Romain et Juliette, de Frédéric Lapierre), tout en reconnaissant son ouverture sur le monde (Suzhou River, de Lou Ye; Shower, de Zhang Yang). Cette année, vingt-trois pays se disputent les prix.

Et dans la liste, un coup de coeur: l’Égypte. Le réalisateur-comédien Mahmoud Hemina débarque à nouveau en Abitibi. "Il veut faire un film sur la mort, annonce Matte, et il a une espèce d’admiration pour les Amérindiens et leur côté spirituel. Il vient donc puiser l’inspiration pour son projet". Dans la foulée, des courts et des longs métrages (dont El Medina, de Yousry Nasrallah), une série de concerts, d’expositions et autres manifestations culturelles viennent mettre en relief l’Égypte et ses trésors. Errance boréale? Un peu: "Tout ce qui se passe au Festival, ce sont des hasards. On a inventé ce festival-là avec de l’intuition. On a tenté un volet Gainsbourg, ça a marché. On a essayé un volet Lelouch, ça a marché. Tout le monde est pendu après les oreilles de la France, faut bien l’admettre, mais nous voulons maintenant développer d’autres territoires. On devient de plus en plus multiculturel."

"Ce que j’aime le plus de mon travail, résume Jacques Matte, c’est de voir les gens heureux de venir ici. Je n’ai plus le temps d’aller à Cannes ou dans d’autres festivals: je délègue. En fait, ce que je fais, c’est du développement." À l’aube de la vingtième édition, la sabbatique de Jacques Matte n’est pas pour demain.

Du 28 octobre au 2 novembre
Billeterie: (819) 797-7133