Festival du cinéma en Abitibi-Témiscamingue : Bonjour chez vous!
Cinéma

Festival du cinéma en Abitibi-Témiscamingue : Bonjour chez vous!

C’est écrit en grosses lettres à la page treize du programme officiel: Pour dorloter la visite… C’est dire à quel point on s’efforce de nous plaire au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue.

C’est écrit en grosses lettres à la page treize du programme officiel: Pour dorloter la visite… C’est dire à quel point on s’efforce de nous plaire au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, qui vient de clôturer sa dix-neuvième édition avec un retentissant cri du coeur pour Dancer in the Dark. Quarante-huit heures à Rouyn-Noranda suffisent pour être frappé par la formidable cohésion qui anime l’équipe rassemblée par le directeur Jacques Matte a rassemblé.

Tout est réglé avec précision: d’increvables bénévoles abitibiens toujours d’humeur pile-poil vous ramassent en navette et vous trimballent d’un endroit à l’autre. Paul a pris congé de son cabinet de dentiste pour offrir son temps au quartier général, à l’hôtel Alpin; et Jasmin a quitté momentanément ses devis et sa calculatrice de son bureau d’ingénieur pour faire le chauffeur de navette. Et ils sont légion… Côté bouffe, on vous invite dans des restaurants psychotroniques, tout droit sortis d’un film de Gilles Carle. Côté cinéma, le Théâtre du Cuivre est "galvanisé" par une effervescence perpétuelle. Ça vibre, ça grouille, ça sent bon la vie: dans cette mer de sourires et d’efficacité, on se croirait à Pleasantville… Impeccable, je vous dis.

Depuis toujours, la région était riche en images, mais improbable était la célébration du septième art en hémispère nord il y a seulement vingt ans. Rouyn-Noranda est désormais une escale reconnue. Les Muses orphelines de Robert Favreau, en film d’ouverture et en première mondiale, a reçu un accueil enthousiaste, et les applaudissements étaient dirigés vers une Fanny Mallette à la fois ravie et soulagée.

Précédant Les Muses, Romain et Juliette, un bijou de petit film réalisé par Frédéric Lapierre, 25 ans, n’est pas sans rappeler Innocence de l’Australien Paul Cox, présenté aussi dans cette édition. En vingt-six minutes, sans tomber dans une oeuvre feuilletonnesque, Hélène Loiselle et Lionel Villeneuve livrent une performance d’une rare exigence sur la vie, l’amour et la mort, où une Juliette s’éprend, cinquante ans plus tard, de son premier cavalier. Sort cruel, elle quittera son mari. "Au début, j’avais un peu peur, déclare Frédéric Lapierre. Mais j’ai vite constaté que ces comédiens-là (Louise Portal est également de la distribution) n’étaient pas encore actifs pour rien! Ils ne se sont pas dirigés tout seuls, mais ils ont amené le scénario beaucoup plus loin. En court métrage, on arrive à un maximum d’émotions." Autre coup de coeur des festivaliers: 2 Hommes 2 Femmes, 4 Problèmes de la réalisatrice allemande Vivian Naefe, proposé en première nord-américaine à Rouyn et sortant en salle cette semaine, est une comédie sur l’adultère avec sous-titres, ce qui est souvent dédaignés par le public nord-américain: "Je veux essayer de démontrer qu’il y a moyen de présenter des films sous-titrés en rejoignant un public aussi vaste que Le Dîner de cons l’a fait en Allemagne", confie Louis Dussault (K Films).

On pouvait aussi voir en primeur Café Olé, du Québécois Richard Roy (Moody Beach); Princes et Princesses, de Michel Ocelot (Kirikou); et Vive nous! en première nord-américaine, un film de Camille de Casablanca, sur trois copines qui dressent la liste de leurs amants. Enfin, impossible de passer sous silence la bande-annonce du Festival réalisée par Alain DesRochers (La Bouteille). Un morceau d’anthologie, à rendre tous les orignaux émouvants…