The Legend of Bagger Vance : Manque de drive
Cinéma

The Legend of Bagger Vance : Manque de drive

Lorsque Robert Redford passe derrière la caméra, est-on en droit d’avoir des attentes?

Lorsque Robert Redford passe derrière la caméra, est-on en droit d’avoir des attentes? Il en est à son sixième film en tant que cinéaste, sans parler, bien sûr, de sa filmographie d’acteur et de son travail de producteur. Ce n’est pas un effet de style que de dire qu’il maîtrise le système autant que le système le maîtrise. Et pourtant, le fondateur de Sundance signe ici un film désarmant de banalité, insipide à en pleurer, qui aurait pu porter la griffe de n’importe quel quidam des Studios. Une petite moralité de quatre sous que Redford a le culot (ou le cynisme) d’élever au rang de mythe.

Voici donc la grande mythologie de The Legend of Bagger Vance: Rannulph Junuh (Matt Damon, gaffe monumentale du casting) est la coqueluche de son village humide de la Géorgie. Il est golfeur. Il frappe des balles, les met dans le trou, le peuple est heureux, les oiseaux gazouillent. C’est le moment d’introduire l’événement traumatisant qui donnera un peu de plomb à notre héros. On est en 1916, ça se prête bien, il va à la guerre. Là-bas, il voit des choses pas très jolies, ça le marque beaucoup et il revient tristounet. Intervient ensuite la belle pulpeuse (Charlize Theron, le torse bombé et la larme facile) qui, en plein krach financier (on est désormais en 1931), décide de relancer la vogue du golf (!). Elle va donc solliciter la participation de notre dépressif qui, hasard ou coïncidence, était son amant avant la guerre.

Et là, le drame: notre héros se rend compte avec effroi qu’il a perdu son swing (la voyez-vous la belle symbolique?). Ses coups de bâton sont foireux, son déhanchement n’est plus le même. Pas de panique, un caddie spirituel vient à sa rescousse. Catapulté sur le terrain de golf, Will Smith est Bagger Vance. Dans le rôle le moins crédible de sa carrière, le prince de Bel Air se fait philosophe. De ses maximes douteuses, il guide notre héros sur un très long 18 trous où l’ennui est terrible. Tellement qu’on se surprend à tresser les franges de son écharpe en implorant Redford de faire basculer la mécanique! Mais il n’entend rien, trop concentré à faire ses ralentis de petites balles volantes, sur fond de musique angélique. À bien y penser, les femmes avaient de jolis chapeaux.

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