La Nuit du Court : Au centre du court
Cinéma

La Nuit du Court : Au centre du court

Les meilleures histoires sont souvent les plus courtes. C’est archibanal, mais pas complètement faux. Le court métrage demeure surtout une façon de concevoir le cinéma, un monde en  soi.

Les meilleures histoires sont souvent les plus courtes. C’est archibanal, mais pas complètement faux. Le court métrage demeure surtout une façon de concevoir le cinéma, un monde en soi. Alors que les 10 jours 100 courts touche à sa fin, et qu’on se prépare pour une nuit blanche avec La Nuit du Court, Bernard Boulad, ex-directeur du défunt Festival international du court métrage et coordonnateur de cet événement orchestré par Cinéma libre, parle de l’effervescence qui secoue le milieu du court, d’une bonne programmation – "Et je suis en général très sévère!" – et également de l’avenir de ce format. "Pour l’instant, envisager la vie du court métrage sur Internet est un miroir aux alouettes, explique-t-il. Il faut être très prudent avec les droits: la diffusion supranationale fout en l’air les droits de distribution nationaux. Pour un court métrage en fin de parcours, passe encore, on peut donner une seconde vie au film en allant sur le Web. Mais commencer par là, quand on te propose 2000 $ pour un droit exclusif de diffusion mondiale, l’avenir peut être facilement bloqué."

Pour une plus grande visibilité des courts métrages, faudrait-il alors faire comme en Europe, où une agence régit un réseau de courts métrages et offre à l’exploitant de salles la possibilité de diffuser un court avant un long métrage, moyennant cotisation? Selon Boulad, l’option est peu envisageable ici à grande échelle, surtout par manque de monde et d’enthousiasme. Restent donc des initiatives précises: Courts toujours, de Main Film qui reprend en janvier; Prends ça court, au Monument-National le 30 novembre, et les dernières productions de la série Libres courts de l’ONF. En attendant, la Nuit du Court, programmée par Katherine Ouimet, sera longue (six heures de diffusion) et déroutante. Vous croyez les nounours gentils? Regardez Heavy Rotation du Japon, une animation méchante; les mascottes semblent inoffensives? Que non; elles sont franchement inquiétantes dans Bad Animals, de l’Américain David Birdsell, drôle d’oiseau amateur de rues vides où il se passe toujours quelque chose (voir le suicidaire de Blue City et la sale gueule de chien dans Phil Touches Flo, aussi au programme). On peut également voir un des courts de François Ozon (Sitcom, Gouttes d’eau sur pierres brûlantes), Une robe d’été, petite ballade érotico-ludique; un péplum délirant, genre les Bidochons sur le Web, avec Débranche le fer, César, de Jean-François Gallotte; une élégante réflexion formelle et sociale sur la paternité avec Esther, Baby & Me, de Louis Taylor; et enfin, les supplices d’un cochon qui ne voulait pas mourir dans Oink, du Québécois Alain Dion. L’ouvre gagnante (Prix du public) de cet événement sera projetée lors de cette nuit.

La Nuit du Court
Cinéma Impérial
Mardi 2 décembre
www.cinemalibre.com/10jours