Cinéma

Métaforia

Il faut s’amuser. En entrant dans un cinéma Palace tout chamboulé, rebaptisé Centre Métaforia, on sent tout de suite qu’on n’est pas là pour rigoler: il faut se distraire. Fini, l’époque des clowns, le hasard de l’émerveillement, l’à-peu-près du divertissement: la société Métaforia, créatrice de l’aventure virtuelle Océania, standardise la rigolade et régule l’amusement au poil près. Aventure ne veut plus dire surprises. Et en concevant des mondes virtuels plus vrais que nature, Métaforia Divertissements inc. tient à se mettre en pole position sur le marché en essor du récréotourisme. Rien que le mot fait peur… Au milieu de ce marketing de type Club Med sophistiqué, on en oublie presque le produit principal (qui a attiré les foules lors de l’Exposition internationale de Lisbonne en 1998): une expédition archéologique sous-marine fictive d’une quarantaine de minutes. En gilet similie pare-balles et casque Star Trek sur les oreilles, on ne craint d’abord que le ridicule, puis on embarque dans une navette pivotante et gigotante, synchronisée avec des images haute définition qui nous plongent dans l’eau. Nous sommes dans un bathyscaphe qui descend le long d’un filin vers les vestiges d’une richissime Atlantide. On ne fait pas souvent ce genre de voyage et les images sont superbes. Le dépaysement est réel, le fun total, mais l’excitation ne dure que quelques minutes. En quittant la navette, on retombe dans le réel. Nous sommes résolument sur terre, rue Sainte-Catherine, pour tout le reste du voyage. Et qu’importent les couloirs suintants, les chambres de décompression, ou la conduite de sous-marins-lucioles: le coeur n’y est plus. En bonus, on a droit au sourire aimable des préposés coincés dans la pénombre, prêts à se rendre utiles.

Belles images de synthèse, limpides et précises (avec une esthétique qui mélange Tintin et le temple du soleil, Alien, quelques péplums et les albums d’Alix), mais scénario bidon. On souffre ici de la carence IMAX: grands moyens pour idées mièvres. Moins complexe qu’un jeu de l’oie, le récit légèrement pro-actif brodé autour de cette cité engloutie s’avère vite ennuyeux et vide. Mais il faut être patient. De l’évolution du concept "du pain et des jeux" dans l’ère électronique, nous ne sommes qu’aux balbutiements…

Tél.: (514) 878-META
www.metaforia.com