The Gift : Cadeau empoisonné
Cinéma

The Gift : Cadeau empoisonné

Lorsqu’une tribu de bons acteurs s’agglutine autour d’un projet, c’est souvent le signe d’un bon film. À moins que la surenchère de noms célèbres ne soit un moyen de camoufler un scénario défaillant.

Lorsqu’une tribu de bons acteurs s’agglutine autour d’un projet, c’est souvent le signe d’un bon film. À moins que la surenchère de noms célèbres ne soit un moyen de camoufler un scénario défaillant. Quoi qu’il en soit, lorsque Cate Blanchett, Keanu Reeves, Giovanni Ribisi, Gary Cole, Greg Kinnear et Hilary Swank s’alignent comme des moineaux sur un fil électrique, on est en droit de s’attendre au meilleur. Et c’est le meilleur qu’on nous sert durant la première heure du film, avant que le dérapage scénaristique ne survienne. La logique de l’attente déjouée (à outrance) finit par rattraper l’intrigue au tournant et lui fait cracher un dénouement fidèle à la tradition des grands studios.

Réputé pour ses thrillers sanguinolents, Sam Raimi est le géniteur de la trilogie The Evil Dead, mais aussi un metteur en scène doué (et indépendant quand il le veut) qui a fait la preuve récemment, avec A Simple Plan (1998), qu’il était possible de nous scier les jambes sans effusion gratuite de sang. Après ce détour salutaire, le cinéaste renoue avec ses vieilles amours et revisite ses thèmes fétiches: l’horreur et le surnaturel. Cette fois, l’épouvante germe à Brixton, en Géorgie. Annie (Cate Blanchett, l’Australienne qui arbora avec talent les corsages d’Elizabeth) est une veuve qui lit dans l’avenir pour assurer le bien-être de ses marmots. Tendre et attentionnée, elle tient plus de la psychologue que de la sorcière.

Dans sa cuisine, défile une clientèle fidèle mais désaxée: une épouse martyre (Hilary Swank, crédible); un mécanicien lourdement traumatisé (Giovanni Ribisi, désarmant en psychopathe qui bégaie comme Porky Pork), et un batteur de femmes menaçant (Keanu Reeves, barbu, viril et violent) qui n’a pas avantage à ce que son épouse s’inquiète de l’avenir. Et puis il y a l’intrigue qui se noue: une minette aguichante (Katie Holmes) disparaît sans laisser de traces, abandonnant son fiancé (Greg Kinnear) dans l’angoisse. Grâce à ses dons de devin, Annie remontera jusqu’au criminel. Mais les prophéties n’étant pas une science exacte, elle s’y reprendra à quelques fois. À force de fuir le prévisible, les rebondissements finiront par gâcher l’excellent casting. Hormis certaines scènes bien bricolées, le surnaturel demeure peu convaincant et semble plutôt obéir à un complot scénaristique signé Billy Bob Thornton. Parfois, les forces occultes manquent tristement de magie.

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