Nationale 7 : Très valide
Cinéma

Nationale 7 : Très valide

Charles Trenet avait donc raison: "on est heureux Nationale 7". Sur le bord de cette route des vacances qui descend jusque dans le Midi de la France, un handicapé moteur, atteint d’une maladie dégénérescente, retrouve goût à la vie dans la caravane d’une prostituée.

Charles Trenet avait donc raison: "on est heureux Nationale 7". Sur le bord de cette route des vacances qui descend jusque dans le Midi de la France, un handicapé moteur, atteint d’une maladie dégénérescente, retrouve goût à la vie dans la caravane d’une prostituée. Pas simple comme sujet. Jean-Pierre Sinapi, scénariste, a profité de la liberté que lui offrait la caméra numérique (film réalisé dans le cadre de la collection Petite caméra d’Arte) pour se faufiler dans un foyer de handicapés près de Toulon, et dans les méandres d’une histoire d’autant plus touchante qu’elle est véridique.

René (Olivier Gourmet) est sur roulettes, mais il est surtout irascible, injuriant tous et toutes, et ne se mêlant pas à la vie du foyer. Il profite de la candeur et de la droiture d’une nouvelle éducatrice, Julie (Nadia Kaci), pour avouer qu’il veut faire l’amour le plus tôt possible. Soit, mais il faut passer par-dessus l’hypocrisie de la direction, les questions des autres handicapés, et il faut trouver la dame… Julie rencontre Florèle (Nadine Marcovici), qui a tout ce qu’il faut dans sa caravane. Et René retrouve le sourire. Mais un esprit de rébellion souffle maintenant sur le centre, et Rabah (étonnant Saïd Taghmaoui, vu dans La Haine et Three Kings), musulman, handicapé, gai et orphelin, n’en démord pas: il veut devenir catholique… On en a déjà trop dit sur Nationale 7. En raconter plus briserait le charme de ce petit film.

Autour d’un thème commun à beaucoup de films américains (la force de la volonté individuelle, celle qui déplace des montagnes), Sinapi a corsé la sauce avec du cul et des roulettes. Mais il ne s’est pas fourvoyé, ni dans le vulgaire ni dans le sentimentalisme. Nationale 7 n’est que pudeur, légèreté et justesse. En plus de poser l’épineux problème de la sexualité chez les handicapés, le réalisateur s’amuse des travers, tout aussi coriaces, de celle des valides. Mais il ne quitte jamais les rails de la comédie délicate. Et tous les acteurs (ainsi que les non-professionnels) jouent avec ce ton badin, mais peu évident, qui se trouve entre réalisme et loufoquerie. La vivacité des dialogues et un montage bien rythmé guident le spectateur vers une finale bien amenée, et qui, en quelques secondes, réussit à émouvoir.

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