Le Libertin : Farce plate
Cinéma

Le Libertin : Farce plate

Nous parlons donc de Diderot, un esprit éclairé, ouvert, brillant et libertin; un philosophe qui se posait des questions et qui tâchait d’y répondre en construisant L’Encyclopédie.

Nous parlons donc de Diderot, un esprit éclairé, ouvert, brillant et libertin; un philosophe qui se posait des questions et qui tâchait d’y répondre en construisant L’Encyclopédie. Dans le film, Denis Diderot (Vincent Pérez) doit donc écrire un texte sur la morale, mais il sèche sur la copie: il préfère le beau au bien et essaie de combiner monogamie et sexualité plurielle. Le dilemme est trop grand, et le temps est radieux; mieux vaut donc courir les jupons. Dans le château de la baronne d’Holbach (Josiane Balasko), une gourmande qui a tout sous la main: poppers, champignons magiques, chocolat, bains de lait, et eunuque en parfait état de marche, Diderot passe son temps à cavaler entre une épouse peu éveillée (Françoise Lepine), une portraitiste intense (Fanny Ardant), une mondaine nymphomane (Arielle Dombasle), et quelques pucelles et damoiseaux échauffés. Un cardinal inquisiteur et outré (Michel Serrault) vient surveiller cette débauche. "On se moque de Diderot! explique Vincent Pérez en entrevue. Gabriel Aghion, provocateur, en a fait un coquin et un beau parleur; mais cette farce a choqué l’intelligentsia." Laquelle n’aime pas que l’on touche à ses grands hommes, rappelons-le. Qu’on déboulonne de temps à autre les statues de la culture classique est vital; mais quand on rate son coup, on a l’air du plus grand couillon qui soit. Si encore Aghion et Eric-Emmanuel Schmitt (adaptation et dialogues) avaient présenté une image renversante du philosophe… Mais rien dans ce film, ni dans les caractères évoqués, ne mérite que l’on monte aux barricades. On peut par contre s’interroger sur l’existence d’un tel navet.

La connaissance comme outil pour gagner sa liberté, et la morale ouverte qui débouche sur le bonheur: les idées sont louables. Mais elles sont si mal mises en scène que le film en devient gênant. Le Libertin emballe un casting de choc, où toutes les stars exagèrent leurs tics de jeu, dans une BD bâclée et mal dessinée, avec des éclairages de boîte de nuit, une musique actuelle, et des dialogues aussi faux qu’absurdes, aussi convenus que plats. Vincent Pérez (habillé) défend sans grande fougue ce Diderot (souvent nu) et ce "film-chorale", comme il décrit Le Libertin. Mais quelle chorale? Aghion a peut-être des talents d’agitateur (Pédale douce, Belle maman), mais pas celui d’assembleur de voix: ce film, si peu léger pour du libertinage, n’est qu’une accumulation cacophonique de saynètes, de farces lourdes, de sentences vides posées sur un scénario insignifiant. On est en droit d’attendre une version hardcore…

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