Cinéma

Les Rendez-vous du cinéma québécois : Bouquet de vues

Voici que s’amorce la 19ème édition des Rendez-vous du cinéma québécois: on sent que l’événement a maintenant atteint une bonne vitesse de croisière.

Voici que s’amorce la 19ème édition des Rendez-vous du cinéma québécois: on sent que l’événement a maintenant atteint une bonne vitesse de croisière. Si ça respire mieux, c’est grâce au dynamisme des organisatrices (Louise Portal, présidente et Ségolène Roederer, directrice), et à celui de leur équipe, mais aussi parce que la production cinématographique québécoise ne manque pas d’allure en ce début de millénaire.

Cette année, si on décloisonne la programmation en mélangeant supports et genres, il reste qu’en 10 jours, on pourra voir 19 long métrages, 24 courts ou moyens métrages de fiction, 12 films d’animation et 37 oeuvres d’art et d’expérimentation. En tout, 146 films seront présentés. Cela fait un peu moins que l’année dernière, mais les documentaires, avec une cinquantaine d’oeuvres, continuent de se tailler la part du lion. Le public avait apprécié la bande-annonce du Festival de Rouyn, avec son orignal cinéphile. Son réalisateur, Alain DesRochers (La Bouteille), récidive et propose une balade de couloir pour annoncer cette nouvelle édition "multisupport" des Rendez-vous.

Un festival bien encadré puisqu’il débute par le premier long métrage fiction de Bernard Émond, La femme qui boit, avec un splendide duo d’acteurs: Luc Picard et Élise Guilbault. Le film est précédé d’un court métrage d’animation mi-figue, mi-raisin sur les tribulations d’un homme seul: La Solitude de monsieur Turgeon, de Jeanne Crépeau (Revoir Julie). Le film de clôture reste encore un mystère, mais les talents sont là: Louis Bélanger et Isabelle Hébert ont coréalisé un documentaire sur le réalisateur Jean-Claude Lauzon, intitulé Lauzon-Lauzone.

Les Rendez-vous multiplient les "happenings" et offrent un coup de chapeau à la maison de production Ad Hoc Films, en présentant une rétrospective de toutes les oeuvres, dont Archives de l’âme en primeur; on célèbre aussi les créateurs des arts médiatiques de la ville de Québec; et la soirée du 18 février sera consacrée à Dédé Fortin, cinéaste. Ses copains Colocs célèbrent l’artiste, en chansons, mais aussi en documentaire, avec la présentation du fim Le 2116. Pascale Bussières, Robert Morin, Marcel Jean, Jacques Godbout, Peter Wintonick et Manon Briand vont, quant à eux, tenter de répondre à la question "Tourner en anglais: trahison culturelle ou nécessité?", tandis que Magnus Isacsson organise un débat qui risque d’être chaud, sur "Le documentaire: avec ou sans télé?". Saluons également une nouvelle association entre Montréal et la région d’Île-de-France pour la promotion et l’échange de courts métrages; ce qui donne l’occasion de voir bon nombre de courts québécois et quelques français, dont l’intéressant La Brèche de Roland, d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu.

Les applaudissements sont toujours chaudement nourris dès qu’on cite son nom. Normal, c’est Gilles Carle, Prix Jutra Hommage de cette année. On peut revoir une dizaine de ses films (dont Le Viol d’une jeune fille douce, Percé on the Rocks, La Mort d’un bûcheron, etc.). On peut aussi s’amuser de la tendresse et de l’humour de son coup de crayon, à l’occasion d’une exposition consacrée à ses dessins, au Café Cherrier, jusqu’au 12 mars. À la Cinémathèque, Chantal Jolis animera quotidiennement des 5 à 7, plaque tournante de beaucoup de ces rencontres, discussions et événements; dont une réflexion sur laquelle tout réalisateur peut se pencher avec ardeur: "Un bon film, ça commence par une bonne histoire"…

Au milieu de tout cela, il y a les films, à la Cinémathèque et à l’ONF. L’occasion de revoir ceux qu’on a aimés: À la recherche de Louis Archambault, de Werner Volkmer; Barbeau Libre comme l’art, de Manon Barbeau; The Boy Who Saw The Iceberg, de Paul Driessen; Du Big Bang à mardi matin, de Claude Cloutier; Full Blast, de Rodrigue Jean; Les Fantômes des trois Madeleine, de Guylaine Dionne; et les excellents Two Thousand and None, d’Arto Paragamian et La Moitié gauche du frigo, de Philippe Falardeau. Et ceux vers lesquels on va aller, au petit bonheur la chance, cherchant l’étincelle. Dans cette catégorie, souvent des primeurs, les courts métrages et les documentaires font loi. À voir: le regard de documentariste de Mathieu Arsenault, qui décortique la folie du jeu dans Pokémonde; la pudeur de Mon père, de Danic Champoux; un film sur le hip-hop montréalais: 514-50 Hip Hop, de Patrica Chica et Yanick Létourneau; et la force de frappe de Guantanamera Boxe, de Richard Jean Baptiste et Yann Langevin. Bon cinéma…

Les Rendez-vous
Cinémathèque québécoise et ONF
À Montréal, du 15 au 25 février