Cinéma

The Million Dollar Hotel : Motel d’infortune

Avec The Million Dollar Hotel, Wim Wenders boucle son vingtième film en 30 ans. Capable du meilleur (Les Ailes du désir, Paris Texas, L’État des choses), il nous prouve avec ce dernier titre qu’il peut l’être tout autant du pire.

Avec The Million Dollar Hotel, Wim Wenders boucle son vingtième film en 30 ans. Capable du meilleur (Les Ailes du désir, Paris Texas, L’État des choses), il nous prouve avec ce dernier titre qu’il peut l’être tout autant du pire. Après un autre documentaire, la récréation cubanophile de Buena Vista Social Club, le cinéaste allemand réinvestit le récit fictionnel. Fébrile à l’idée de tourner à L.A., il a alors entrepris la réalisation d’un scénario qu’il n’a pas signé et, pour tout dire, qui ne lui ressemble pas. Une histoire mollasse dont il a tenté de camoufler les failles à grands coups de scènes léchées. Ça sent le clip et ce n’est pas un hasard: l’homme derrière une partie de la production et du scénario s’appelle Bono, le chanteur de U2, qui en a profité pour pousser discrètement quelques pièces inédites.

À la base de l’histoire, un lieu, un hôtel miteux au titre pompeux. Mis à part le toit couronné d’une structure de néons impressionnante, l’édifice n’offre rien de spectaculaire, sinon ses locataires. Grotesques, ils tiennent plus d’une bande de freaks que de mésadaptés: un hippie speedé, une vieille trop fardée, une pute névrosée et un Amérindien arborant plumette. Désoeuvrés, ils s’agitent dans les couloirs pour notre plus grand ennui. De cette faune pitoyable se détache le candide Tom Tom (Jeremy Davis) qui fantasme sur la visiblement disjonctée Eloise (Milla Jovovich qui n’a toujours pas compris qu’il ne suffit pas d’écarquiller les yeux et de parler avec une voix haut perchée pour être bonne actrice).

Côté intrigue, ce n’est pas mieux. Izzy, un junkie notoire, a écourté ses jours en se jetant du toit. Peu flatté par ce signe de lâcheté, son richissime père se lance dans la chasse à l’assassin. Et là, qui voit-on? Notre bon vieux Mel Gibson! Au départ, on le soupçonne de s’être trompé de plateau de tournage, avant de se résoudre à l’idée qu’il s’agit bel et bien de l’agent du FBI chargé de l’enquête. Ridicule est alors le seul mot qui vient à l’esprit. Le cou coincé dans un morceau de ferraille qui cherche à lui donner un air de mutant, Gibson cache mal une cicatrice le long de son dos qui laisse penser qu’on lui a ôté la colonne vertébrale. Qu’importe, il n’est pas le seul invertébré de ce film…

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