15 minutes : Des minutes de trop…
Cinéma

15 minutes : Des minutes de trop…

15 Minutes , au contraire d’une bouffonnerie ridicule comme 3000 Miles to Graceland, prend tout au sérieux: le sang, la télé, les flics, l’amitié, New York, etc. On ne rigole pas dans ce thriller hyperviolent; on en ressort survolté et paranoïaque…

Dans 15 Minutes, de John Herzfeld, Eddie Flemming (Robert De Niro) est un détective-vedette du prime time. Jordy Warsaw (Ed Burns) est un gentil flic qui ne regarde jamais la télévision et fait son boulot dans l’ombre. Ensemble, ils vont poursuivre dans Manhattan deux dangereux malades d’Europe de l’Est (Karel Roden et Oleg Taktarov), qui veulent leurs minutes de gloire. Caméra digitale au poignet, ces derniers sillonnent la ville, tuent quelques personnes et filment les meurtres. De vils journalistes (Kesley Grammer), voulant du sang à la une, sont aussi à leurs trousses.

15 Minutes, au contraire d’une bouffonnerie ridicule comme 3000 Miles to Graceland, prend tout au sérieux: le sang, la télé, les flics, l’amitié, New York, etc. On ne rigole pas dans ce thriller hyperviolent; on en ressort survolté et paranoïaque, et surtout assommé par un imbuvable message de droite: l’Amérique aurait un système de justice malade qui laisse croire qu’au pays de la liberté, les crimes restent impunis. Réveillez-vous, citoyens, il faut plus de poigne! Les méchants Slaves sans foi ni loi (et les autres) en profitent. Et dans la bonne tradition de la mentalité cow-boys, on laisse également sous-entendre que faire justice soi-même n’est pas forcément une chose néfaste. Bonjour, la civilisation… Comme c’est souvent le cas, ce message rétrograde va de pair avec l’influence démoniaque des médias, ces vampires qui nous pompent corps et âme. Dommage que le scénario n’ait pas prévu un politicien véreux, c’eût été le bouquet…

Bref, 15 Minutes emballe un paquet de bêtises dans une forme sans ressort (malgré les incursions de l’image vidéo qui ne sont plus si modernes que cela et un montage énervé). On est dans la situation du produit cinématographique écrit avec des paramètres marketing: présentation des personnages en parallèle (les bons sauvent et les méchants volent); mise en place de la rencontre des quatre héros (les uns font des meurtres et les autres commencent à faire des recoupements); on attribue des demoiselles de coeur aux superflics et des putes aux méchants; et plus les meurtriers se tapent sur les nerfs, plus les flics s’épaulent. Une seule entorse à cette construction prévisible permet à l’action de rebondir et au rythme de s’accélérer; mais on ne la dévoilera pas… Qui peut sortir indemne d’une chose qui n’a de cinématographique que le format? De Niro et Burns, certainement. Après tout, 15 Minutes n’est rien de plus qu’un film d’action supplémentaire qui s’oublie dans une filmo…

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