En vacances : Mauvais pari
Cinéma

En vacances : Mauvais pari

Vous souvenez-vous de la chanson de Patrick Bruel qui martelait le petit air: "On s’est donné rendez-vous dans dix ans, même jour, même heure…"? Chacun fait un petit trot de son côté et puis on se rassemble pour admirer le chemin parcouru et la poussière soulevée.

Vous souvenez-vous de la chanson de Patrick Bruel qui martelait le petit air: "On s’est donné rendez-vous dans dix ans, même jour, même heure…"? Chacun fait un petit trot de son côté et puis on se rassemble pour admirer le chemin parcouru et la poussière soulevée. Ce qui est irritant dans cette proposition, c’est justement l’impératif grégaire de l’examen de conscience. Et, à l’époque où Bruel chantait cette idée, la formule risquait d’avoir du succès: l’imminence du troisième millénaire faisait craindre une inflation de l’intérêt pour les rendez-vous à long terme. Et comme de fait, l’an 2000 a eu, au cinéma, son lot de retrouvailles douloureuses. Alain DesRochers signait récemment sa sympathique version des faits avec La Bouteille, il restait aux Français à nous concocter leur petit bouquet de voeux déçus.

Et l’honneur fut accordé à Yves Hanchar. Ce réalisateur dont le premier film, La Partie d’échecs (un drame aristocratique rigide et maniéré sur les affres de l’ambition), ne prédestinait pas à ce genre d’initiative, dévoile cette fois plus encore ses lacunes certaines pour la mise en scène. Malgré la légèreté du ton et l’ambiance bon enfant, Hanchar réussit quand même à figer ses personnages dans le carcan d’un scénario préfabriqué où les acteurs s’animent à tour de rôle pour exposer leurs angoisses existentielles devant la caméra.

L’affaire démarre en 1990. Un incident fortuit rapproche trois familles en vacances. Au terme d’un souper qui se veut chaleureux, les 11 attablés, jeunes et moins jeunes, griffonnent quelques idées bien personnelles sur l’an 2000, qu’ils se promettent de relire dans dix ans. Et pour multiplier le plaisir, la tribu se réunit chaque été de la décennie, question de bien mesurer les ravages du temps sur leurs illusions. En résultent alors des allers-retours lassants entre cette fameuse soirée de l’an 2000 et les étés des années précédentes.

Et comme si le propos n’était pas assez explicite, Hanchar tartine le tout d’une épaisse couche de "positivisme" (l’union fait la force, ensemble nous vaincrons!) qui empèse plus qu’elle n’allège. Et puis, coproduction oblige, il fallait semer ici et là de la graine belge et aussi québécoise. Voilà ce qui explique les rôles joués par notre Luc Picard (déraciné et gâchant son talent) et par Jessica Paré (heureusement sauvée par le physique…).

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