The Mexican : Sans sombres héros
Cinéma

The Mexican : Sans sombres héros

Brad Pitt et Julia Roberts dans le même movie! La stratégie est féroce. "Public, tu t’entasseras dans les salles de gré ou de force", ordonnait la prophétie. Eh bien, le public obéira et ne le regrettera pas.

Brad Pitt

et Julia Roberts dans le même movie! La stratégie est féroce. "Public, tu t’entasseras dans les salles de gré ou de force", ordonnait la prophétie. Eh bien, le public obéira et ne le regrettera pas. Car même si l’on peut avoir des réticences face au film de Gore Verbinski (qui n’a commis qu’un seul précédent, Mouse Hunt), force est de constater qu’on y prend réellement son pied… Précisément parce qu’on ne nous sert pas une comédie seulement sentimentale. Là-dessus, J.H. Wyman, le scénariste, mérite de sincères félicitations pour nous avoir épargné la grossièreté d’un romantisme éculé. Après une entrée en matière plutôt hystérique, chacun prend son chemin de galère et c’est tant mieux comme ça.

À cause d’une dette non honorée, Jerry (Brad Pitt, excellent en gangster novice et naïf à en pleurer) est expédié au Mexique d’où il est censé rapporter un pistolet de collection (nommé le Mexicain) qui, selon les dires, sommeille négligemment dans ces contrées poussiéreuses. Il débarque alors avec ses maladresses de bandit amateur et son arrogance bien américaine (il s’explique mal que personne ne parle anglais…). Parallèlement à ses déboires, sa dulcinée Samantha (Julia Roberts, attachante en petite bestiole émotive), décidée à tout balancer par-dessus bord, part refaire sa vie à Las Vegas. Mais vu que "l’ex" traîne les pattes de l’autre côté de la frontière, les initiateurs de la manoeuvre affublent la copine d’un tueur à gages docile comme un nounours et sensible comme une Madeleine (James Gandolfini, le mafioso de The Sopranos, idéal en sugar daddy).

Il y a quelque chose des frères Coen dans ces personnages mal adaptés à leur milieu et losers à souhait. Tout va pour le pire: les malentendus sont la règle, les malfaiteurs ne peuvent se vanter d’un quelconque professionnalisme et c’est jouissif, bien qu’il faille regretter tout de même un bafouillage dans l’intrigue à une demi-heure de la fin. Et puis le film regorge de clins d’oeil au western: les cadrages, les paysages, les refrains sifflés à la Morricone, et même une légende indienne. Bref, on prend plaisir à revisiter le défunt genre et on se réjouit de tous ces personnages dérisoires qui cassent le moule du héros infaillible et triomphant. C’est clair: les grands studios louchent décidément de plus en plus vers le cinéma de dérision des indépendants.

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