Blow : Nouvelle importation
Cinéma

Blow : Nouvelle importation

C’est presque une coutume. Chaque mois qui s’annonce amène son film sur la drogue. État des lieux tardif, ou parabole subtile renvoyant à nos multiples dépendances: certains nous ont dernièrement expliqué du bout de leur baguette didactique les multiples rouages de la machine.

C’est presque une coutume. Chaque mois qui s’annonce amène son film sur la drogue. État des lieux tardif, ou parabole subtile renvoyant à nos multiples dépendances: certains nous ont dernièrement expliqué du bout de leur baguette didactique les multiples rouages de la machine (Traffic); alors que d’autres, dans un geste plus radical, nous ont carrément découragés de toute substance euphorique (Requiem for a Dream). Blow tient des deux écoles. Avec une maîtrise inattendue, Ted Demme (Life, Monument Ave.) nous montre à la fois la chaîne alimentaire et les ravages de la drogue, à travers la vie d’un petit dealer devenu grand. Le tout, sur fond de musique funky et de pantalons pattes d’éléphant.

Blow, c’est le condensé en deux heures des manoeuvres de George Jung (Johnny Depp, un look seventies résolument glamour), l’un des plus grands dealers que l’Amérique ait enfantés. Toujours vivant, Jung moisit aujourd’hui dans une prison d’où l’on promet de le retirer en 2015. Son crime? Avoir fourni en cocaïne 85 % du marché américain pendant presque 20 ans! Né à Boston dans les années 50 d’un père ouvrier (Ray Liotta) et d’une mère insensible (Rachel Griffiths), Jung se convainc assez tôt que les pièces gagnées honnêtement ne valent pas le labeur exigé. En 1968, il s’installe en Californie et "deale" modestement de la marijuana. Une rencontre en prison l’amène vite à délaisser les drogues récréatives pour d’autres plus lucratives. Quelques opérations bien chorégraphiées lui vaudront l’estime du caïd colombien Pablo Escobar, qui ne tardera pas à en faire son homme de confiance. Et l’argent coulera à flots: 60 millions pour une décennie de labeur.

Viendront ensuite la femme – cokée en permanence – (Penelope Cruz, trop hystérique pour nous laisser la chance d’apprécier son jeu), les enfants, les trahisons, la faillite et la déchéance. Bref, la chute libre après l’ascension, suivant une trame narratrice à la Goodfellas. Superbement joué par Johnny Depp (malgré le risible ventre pendouillant dont il est affublé en fin de parcours!), Jung le malfrat réussit à se rendre attachant et gagne (presque) notre affection. Les parallèles avec The People vs Larry Flint sont séduisants, tant sur la forme que sur le fond, où l’on retrouve cette idée d’indigestion existentielle qui accompagne toute richesse trop vite accumulée, d’autant plus qu’elle est controversée.

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