Company Man : Mauvaise compagnie
Cinéma

Company Man : Mauvaise compagnie

Pire encore qu’un mauvais film qui se prend au sérieux: la comédie qui oublie de nous faire rire. Le sentiment est terrible: on s’assoit tout joyeux dans la salle, on prend le temps de mettre notre sens critique sur le mode "divertissement". Vite, ça démarre. Et puis, et puis…  rien!

Pire encore qu’un mauvais film qui se prend au sérieux: la comédie qui oublie de nous faire rire. Le sentiment est terrible: on s’assoit tout joyeux dans la salle, on prend le temps de mettre notre sens critique sur le mode "divertissement". Vite, ça démarre. Et puis, et puis… rien! On se fait très conciliant les 15 premières minutes, on accorde même un surplus de tolérance pour les 15 minutes suivantes, mais ça ne lève toujours pas. Frustré, on se cale dans son siège et on attend que ça passe. On est par contre soulagé de se souvenir d’avoir vu que ça ne durait qu’un peu plus d’une heure.

Déjà le propos semble tout droit sorti d’un livre de mauvaises blagues. États-Unis, 1960, Allen Quimp, un homme on ne peut plus ordinaire, niais et gaffeur, est engagé par la CIA pour venir à bout des manoeuvres révolutionnaires de Castro (Anthony Lapaglia). L’attaque de la baie des Cochons, version comédie lamentable. Acteur principal, coscénariste et coréalisateur (l’autre tête chercheuse est Peter Askin), Douglas McGrath est mauvais sur tous les plans. Son jeu est fade, ses gags, éculés et sa mise en scène, pauvre à pleurer. Pour susciter l’effet comique par contraste, le scénario joue la carte démodée de l’aventurier bien rangé. Ainsi, avant de chasser du communiste, notre personnage était un modeste prof de grammaire s’efforçant de satisfaire une femme ambitieuse et sophistiquée (Sigourney Weaver, irritante).

Une fois sur l’île du malheur, son quotidien devient grisant. Il sympathise avec un agent double vétéran (Woody Allen, nulle part cité dans le générique ou le dossier de presse!), s’acoquine avec un milicien enragé (John Turturro) et promet de protéger le général Batista (Alan Cumming, absolument ridicule avec ses airs de grande folle). Pour parfaire le tableau, Mme Quimp débarque à Cuba avec la ferme conviction de recueillir les faits qui feront d’elle une auteure de best-seller. On se croirait dans un vaudeville tant le jeu est théâtral et les ressorts, foireux. Bref, tout ce cabotinage est d’un ennui affligeant. Si, par ses agitations vaines, McGrath imite souvent Jerry Lewis, il ne possède pas une fraction de son talent. Du jamais vu on va voir une comédie avec le sourire et on en sort avec une gueule d’enterrement.

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