Courts toujours : Les fous de l'Ouest
Cinéma

Courts toujours : Les fous de l’Ouest

Comme le dit très justement le réalisateur montréalais Bashar Shbib, dans son introduction à cette nouvelle programmation courts métrages de Courts Toujours (Main Film): il ne faut pas sous-estimer les effets de l’isolement et du grand froid sur la communauté cinématographique…

Comme le dit très justement le réalisateur montréalais Bashar Shbib, dans son introduction à cette nouvelle programmation courts métrages de Courts Toujours (Main Film): il ne faut pas sous-estimer les effets de l’isolement et du grand froid sur la communauté cinématographique… Dans un hommage au Winnipeg Film Group, Courts Toujours propose sept films tout à fait étonnants, souvent excellents. Rappelons que le Winnipeg Film Group est une coopérative qui vient de fêter son 25e anniversaire et qui est reconnue sur le plan international pour la ligne très personnelle et hors mode de sa signature. Elle est aussi l’alma mater de John Paizs et de Guy Madden, dont on peut voir ici deux films incroyables. Springtime in Greenland, de Paizs (1981), est le premier opus d’un triptyque sur la société de consommation des années 50 et 60, que l’on regarde comme la critique obsessionnelle d’un fou de pop culture doublé d’un Jacques Tati inquiétant. Le film en est presque gênant de superficialité! Madden clôt cette programmation avec Odilon Redon (1995), une superbe et étrange chose où l’on retrouve, dans un trio amoureux à bord d’un train, son goût pour les expressions du cinéma muet, pour la fuite du réalisme et la construction d’un univers de bric-à-brac merveilleux, aussi splendide que poétique. Madden, c’est du super Méliès. Impressionnant.

Notons aussi Rapture, de Gordon Wilding (1997), 12 minutes difficiles sur un homme qui fantasme sur un garçon; film qu’il faut envisager, sous peine d’écoeurement, comme l’envers du mythe de la création. Ce même esprit poético-étrange qui peut passer du rêve au cauchemar traverse Under the Rocking Horse, de Kelli Shinfield (1995): une fillette se réfugie dans la marge, dans les peurs enfantines, presque plus rassurantes que la réalité de son été bungalow. Quant à 1919, de Noam Gonick (1996), est un sympathique hommage au burlesque; mais Latent Greatness, de Jeff Solylo (1995), s’avère le film le moins fort de cette soirée thématique. Enfin, pour son esthétisme flou, son écriture originale et la bizarrerie du sujet (un couple normal, mais l’homme est impuissant et son avant-bras remplace son pénis…), les trois minutes et demi de Monday with the Martins, de Jeffrey Erbach (2000), valent aussi le déplacement.

29 et 30 avril
Goethe-Institut
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