La Nuit du destin : Quartier chic
Cinéma

La Nuit du destin : Quartier chic

Il y est presque, Abdelkrim Bahloul. Mais pas tout à fait. Avec La Nuit du destin, voici encore un film qui veut, avant toute chose et toute pensée artistique, faire comprendre les Arabes aux Blancs, aux Français de préférence.

Il y est presque, Abdelkrim Bahloul. Mais pas tout à fait. Avec La Nuit du destin, voici encore un film qui veut, avant toute chose et toute pensée artistique, faire comprendre les Arabes aux Blancs, aux Français de préférence. Bahloul, qui a réalisé Le Thé à la menthe et Les Soeurs Hamlet, semble se spécialiser dans la fiction didactique fortement empêtrée de bons sentiments. Le choix est lourd, forcément.

À Paris, un vieil Arabe, monsieur Slimani (superbe Gamil Ratib), est témoin d’un meurtre; il échappe aux tueurs en se réfugiant dans la mosquée, dans la foule des fidèles en prière. Puis, il part se cacher en Algérie, laissant sa femme angoissée (Marie-Josée Nat), et ses enfants surpris; dont Alilou, le fils aîné, apprenti journaliste (Boris Terral), qui flaire l’entourloupe. L’inspecteur de police chargé du dossier (Philippe Volter) cherche aussi le témoin oculaire, mais il va vite confondre enquête et quête; car, en plein ramadan, la belle Noria (Sonia Mankai) va lui ouvrir les yeux sur le monde arabe…

Les tueurs, les pourris, les maladroits sont gaulois; et les Arabes, même les plus religieux du film, sont intelligents, cultivés et sensés. Cette déclaration généraliste et candide est transposée en images, telle quelle. Étudiants, bons élèves, bien éduqués, les Maghrébins de La Nuit du destin sont des jeunes gens de bonne famille. Des Parisiens, avant tout. Dès le début du film, juste après avoir été témoin du meurtre, on voit le père réfléchissant dans son salon, avec en arrière plan, une bibliothèque remplie de livres d’art. Voyez, un Algérien peut appécier la peinture de Dürer… C’est gros, c’est nul, c’est évident, et bien sûr que cela existe. Mais ce n’est pas désagréable de le rappeler. Il y a quelque chose de chaleureux dans ce film très politiquement propret où l’on renvoie une image embourgeoisée de ceux et celles que l’on cantonne généralement, quasi analphabètes, en banlieue, à Belleville ou à Barbès. Et même en mettant de côté cette peinture sociale si naïve, on aime Paris qui vibre sur le raï et qui se découpe au rythme des prières. Et puis, cette chaleur un peu simplette prend certainement naissance dans une intention des plus honnêtes de la part du réalisateur; même si, au bout du compte, cela ne fait pas autre chose qu’un film policier cousu de fil blanc, un téléfilm sympathique. Chose rare: le film est précédé d’un court métrage, Chronique d’un cheval fou, de Michel Juliani.

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