Festival du film juif de Montréal : En avant la musique!
Cinéma

Festival du film juif de Montréal : En avant la musique!

Les rituels, les ancêtres, la persécution, la musique, la quête de l’identité… Les thèmes abordés par l’expérience juive au cinéma semblent nous ramener toujours aux mêmes points. Pas faux. Mais les trésors d’imagination et de recherche développés pour changer les angles année après année, pour les aborder avec un oeil neuf, méritent qu’on s’y  attarde.

Les rituels, les ancêtres, la persécution, la musique, la quête de l’identité… Les thèmes abordés par l’expérience juive au cinéma semblent nous ramener toujours aux mêmes points. Pas faux. Mais les trésors d’imagination et de recherche développés pour changer les angles année après année, pour les aborder avec un oeil neuf, méritent qu’on s’y attarde. Et pour sa sixième année, le Festival du film juif de Montréal surprend encore avec beaucoup de films (37), qui mettent l’accent sur les biographies et la musique.

À tout seigneur, tout honneur: on ouvre les festivités avec le documentaire gagnant l’oscar l’année dernière: Into the Arms of Strangers: Stories of the Kindertransport. Un film britannique de Mark Jonathan Harris, qui relate un autre chapitre de l’Holocauste: le sort des 10 000 enfants juifs que leurs parents ont envoyés vers l’Angleterre dès 1938, afin de les sauver. Une mission incroyable et des histoires personnelles effarantes qui laissent des traces. Un documentaire classique sur des aventures qui ne le seront jamais.

Ensuite, on y va au plaisir de la découverte. Sympathique et plutôt réussi, le film français Cours toujours, de Dante Desarthes, serait de la vague La Vérité si je mens! avec la finesse en plus. Le temps d’une nuit délirante au cours de laquelle un jeune père doit enterrer le prépuce de son fils, on dévoile l’absurdité des religions, juive ou catholique. Rituels et poésie cette fois, et de la vraie dentelle: il ne faut pas rater Madame Jacques sur La Croisette, un court métrage de 1995 signé Emmanuel Finkiel (superbe Voyages), qui reprend deux de ses acteurs, Shulamit Adar et Nathan Cogan, dans un duo amoureux intelligent et dénué de sensiblerie. Une histoire de survie amusante et grinçante, d’une adorable tendresse.

À voir également, une quête identitaire qui ne manque pas d’originalité et de profondeur: The Sweetest Sound, d’Alan Berliner. Le cinéaste new-yorkais, à ne pas confondre avec le réalisateur de Ma vie en rose, décide de réunir chez lui 12 hommes portant le même nom que lui. Réflexion drôle et très syncopée sur la singularité, la magie et le pouvoir d’unicité que l’on donne à son patronyme. Dans la section tout à fait magique, Simon Magus peut prendre toute la place. Le film de l’Anglais Ben Hopkins, mettant en vedette Noah Taylor, Rutger Hauer et Ian Holm, est une fable d’antan, avec le candide abusé, la belle au coeur pur, le vilain, le poids de la religion, et le village dans l’ombre du démon. Faut aimer, mais cela se laisse regarder.

À la recherche de la vérité, impossible de passer à côté de Fragments Jérusalem, un documentaire de six heures signé Ron Havilio, qui prend le pouls d’une des villes les plus complexes au monde. Un tournage de 10 ans, un brassage d’histoires intimes et nationales: un kaléidoscope admirable. À prendre en deux bouchées séparées, de trois chapitres à la fois. Notons également les portraits des célèbres oubliés: la femme qui fit trembler Hoover Emma Goldman: The Anarchist Guest; le Louis Armstrong blanc, The Jazzman from the Gulag et une idole en son temps, Isa Kremer: The People’s Diva; ainsi qu’un film de guerre d’Amos Gitai (Kippur); une histoire de femmes qui furent amies, signée Martine Dugowson (Les Fantômes de Louba), et une histoire de femmes qui furent amantes, de Max Faberbock (Aimée et Jaguar).

Du 3 au 10 mai
Cinéma Impérial, Cinéma ONF et Cinémathèque québécoise
www.mjff.qc.ca