The Center of the World : Le trou noir
Cinéma

The Center of the World : Le trou noir

Millionnaire de l’informatique dans la vingtaine, Richard (Peter Sarsgaard) est séduit par Florence (Molly Parker), percussionniste à ses heures, mais surtout stripteaseuse. Il décide de l’emmener pour un week-end à Las Vegas.

Millionnaire de l’informatique dans la vingtaine, Richard (Peter Sarsgaard) est séduit par Florence (Molly Parker), percussionniste à ses heures, mais surtout stripteaseuse. Il décide de l’emmener pour un week-end à Las Vegas. Pour trois nuits de sexe. Florence pose ses conditions et Richard accepte le marché, moyennant 10 000 $. Tous les deux vont se prendre au jeu, passant leur temps à enfreindre la barrière entre les règles établies et les sentiments naissants.

Wayne Wang, qui avait séduit les cinéphiles avec Smoke et Blue in the Face, deux phénomènes extracool, a décidé de revenir sur un projet ancien: faire un film sur le sexe. Il a voulu son petit Tango à Paris. À l’heure d’Internet et du numérique, le rapport au sexe a-t-il changé? La question mérite d’être posée. Comment conjuguer la libido avec le voyeurisme accru via l’ordinateur, l’enfermement volontaire des whiz kids, la fascination de l’Amérique envers les strippers? Wang a donc imaginé une histoire où deux personnes très jeunes vont mettre l’argent et le pouvoir en balance avec des sentiments qu’elles ne savent ni maîtriser ni analyser. L’un achète, mais il veut sans cesse repousser la barrière commerciale de cette affaire; l’autre vend, mais elle a du mal à savoir où finit le service et où commence l’intime. Et le film s’éternise à ressasser le dilemme. On aura compris que ces deux personnes, trop éloignées de leurs sentiments, ne pourront pas vraiment se rencontrer. Et le centre du monde du titre, le sexe féminin, n’est pas la porte d’entrée idéale…

Malgré la froideur caractéristique de la caméra numérique, Wang a voulu faire un autre film cool. De bons acteurs appliqués à une perversité ultrasage, une musique lounge en fond sonore, le clinquant de Vegas, des plans soignés et le rapport à l’ordinateur: The Center of the World flotte sur l’air du temps. Le film n’a pas cette antenne touchante allant vers l’universel que l’on trouvait dans Smoke, il n’est que branchitude passagère. Un Pretty Woman.com. Bien sûr, Sarsgaard et Parker se démènent comme des bêtes, lui avec des moues mi-poupines, mi-dangereuses à la Nicholson, et elle, à la fois chaleureuse et sexy. Scènes lascives avec latex, regards langoureux, mains baladeuses, mamelons en gros plans: voilà à peu près la base érotique de cette romance. Pas de quoi fouetter un chat, pas de quoi crier au scandale comme les Américains l’ont fait pour une affiche plutôt élégante, et pas de quoi transpirer. Le sexe n’est ici ni jouissance, ni défoulement, ni moyen d’expression, ni communication: c’est juste un jeu de rôle mal défini, un bogue informatique de plus, une patate chaude entre les mains de deux novices; bref, un sujet clinique. Pas drôle…

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