Ginger Snaps : Les louves
Cinéma

Ginger Snaps : Les louves

Ginger (Katharine Isabelle) et Brigitte (Emily Perkins) sont soeurs, toutes deux adolescentes renfrognées, les freaks de l’école. Elles ont une fascination morbide pour la mort et, dès le générique, on a droit à un diaporama les montrant dans des positions macabres, en cadavres plus sanguinolents les uns que les autres.

Ginger (Katharine Isabelle) et Brigitte (Emily Perkins) sont soeurs, toutes deux adolescentes renfrognées, les freaks de l’école. Elles ont une fascination morbide pour la mort et, dès le générique, on a droit à un diaporama les montrant dans des positions macabres, en cadavres plus sanguinolents les uns que les autres. Il semble aussi que dans leur banlieue proprette, une bête de type loup-garou déchiquette les chiens. Un soir, il attaque Ginger. Elle se remet étrangement bien des morsures, mais sur ses cicatrices pousse du poil…

Le concept est classique dans le genre horreur, mais la tournure vaut la peine de s’y attarder. Le réalisateur canadien John Fawcett s’est associé à la scénariste Karen Walton pour pondre Ginger Snaps (Entre soeurs), une étonnante histoire de filles. Madame Walton a d’ailleurs reçu le prix pour le meilleur film de fiction canadien l’année dernière, au Festival de Toronto: le mythe du loup-garou, métamorphose d’homme en bête sanguinaire, est ici accolé au passage à l’adolescence. Les soeurs sont de vilains petits canards, des femmes-enfants qui se cachent sous des vêtements amples, avec les cheveux dans les yeux. Au moment où Ginger se fait mordre, elle a ses premières règles. Simple, mais la transposition littérale est bien faite. Monté comme un film d’horreur, avec une caméra habile, un sous-bois inquiétant et des jardinets impeccables à la David Lynch, on a droit à quelques instants de frayeur, surtout dans le sous-sol non fini du bungalow, où dorment les filles. Parallèlement à cette transformation fantastique, et en finale, effrayante (bien que la bête ne soit pas la plus épouvantable du genre), on suit l’évolution de cette fille en femme. Elle change d’attitude et de vêtements; elle se sent en pouvoir, fière de cette "transformation", et envoie balader sa soeur qui, elle, n’a pas passé le cap, mais qui va tout faire pour l’aider. Ce mélange de film de passage et de film d’horreur permet, par la bande, de parler de la drogue (ici, comme d’un vaccin!), de la relation avec les parents évidemment obtus (un peu trop caricaturale Mimi Rogers dans un personnage mal défini), et du rapport aux garçons que l’on veut fuir, mais aussi dévorer…

Deux très bonnes jeunes actrices, une ambiance assez malsaine qui tient en alerte, quelques sursauts: il aurait fallu que le film tienne ses promesses jusqu’à la fin qui frise le Grand-Guignol, préférant verser dans le mythe plutôt que de garder son équilibre entre réalité et cauchemar.

Voir calendrier
Cinéma exclusivités