Law of Enclosures : Le temps retrouvé
Cinéma

Law of Enclosures : Le temps retrouvé

Beatrice (Sarah Polley, The Sweet Hereafter), caissière de son état, habite un petit bled de l’Ontario. Un beau jour, alors qu’elle fait la queue à la pharmacie, son regard tombe sur Henry (Brendan Fletcher) dont le crâne rasé révèle un énorme kyste. C’est le coup de foudre.

Beatrice (Sarah Polley, The Sweet Hereafter), caissière de son état, habite un petit bled de l’Ontario. Un beau jour, alors qu’elle fait la queue à la pharmacie, son regard tombe sur Henry (Brendan Fletcher) dont le crâne rasé révèle un énorme kyste. C’est le coup de foudre. Aussitôt rentrée à la maison, elle se livre à une séance de caresses intimes censées soulager la charge érotique de la rencontre (on y croit si peu…). Obsédée, elle talonne le jeune homme à la tête bulbeuse jusqu’à ce qu’il s’intéresse à elle. Et, à la suite d’aveux autour d’une boîte de munchkins, il finira par céder.

Le cinéaste derrière une telle prémisse est le Canadien John Greyson, qui avait laissé entrevoir plus de talent de mise en scène avec son oeuvre précédente, Lilies. À défaut de révolutionner quoi que ce soit, son présent film, Law of Enclosures, marque tout de même un intérêt sur le plan narratif puisqu’il nous propose un portrait de ce couple 40 ans plus tard mais… vivant à la même époque. Et c’est là que la confusion s’installe. Car, dépendamment du niveau d’attention, cela peut prendre entre 15 et 30 minutes avant de faire le lien. On se rend compte alors que Bea la cynique (Diane Ladd) et Hank l’arthritique (Sean McCann), le vieux couple haineux montré en parallèle n’est nul autre que le couple du départ miné par la routine et l’usure des jours. Pour figurer la proposition narrative, des gros plans d’horloges aux aiguilles figées reviennent constamment, tels de panneaux de signalisation, prévenir le spectateur qu’il y a là un travail sur le temps.

Même si l’idée de base peut sembler sympathique, l’exercice de comparaison devient vite lassant, voire irritant. Et puis, comme pour tromper l’ennui, le cinéaste propose qu’à mesure que le jeune couple s’éloigne, le vieux couple tente sans grand succès un rapprochement. Enfin, il saupoudre le tout de plans de raffineries (icône de la société industrielle), d’images de la guerre du Golf, et de moult apparitions de chevreuils (sic!). Sans parler du kitsch de la symbolique, c’est à se demander s’il existe désormais une clause dans les subventions canadiennes qui, après les représentants des minorités sociales et les affres de la vieillesse, s’intéresserait à la promotion de la faune nationale.

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