Startup.com : Ma petite entreprise
Cinéma

Startup.com : Ma petite entreprise

Il y a des affiches qui ne mentent pas. Un coup d’oeil à celle de Startup.com nous donne une bonne idée de la teneur de ce film: on y voit un petit bonhomme poussant une énorme pierre sur une montagne. La référence au mythe de Sisyphe est on ne peut plus pertinente.

Il y a des affiches qui ne mentent pas. Un coup d’oeil à celle de Startup.com nous donne une bonne idée de la teneur de ce film: on y voit un petit bonhomme poussant une énorme pierre sur une montagne. La référence au mythe de Sisyphe est on ne peut plus pertinente: Internet, milieu cruel par excellence, peut vous rendre millionnaire en quelques mois et vous jeter ensuite dans la rue. Il suffit d’un krach boursier pour tout mettre sur la glace. Il y a beaucoup d’argent en jeu mais, souvent, on travaille comme des fous pour tout perdre par la suite. Et c’est ce qu’illustre le fascinant documentaire de Chris Hegedus et Jehane Noujaim. Les deux réalisateurs ont suivi pendant plus d’un an une entreprise oeuvrant sur le Web, govWorks.com, depuis ses modestes débuts jusqu’à sa faillite.

Partant d’une idée toute simple, permettre aux citoyens de transiger directement avec leurs instances municipales, Kaleil Isaza Tuzman et Thomas Herman, les deux principaux protagonistes, ne manquent pas de volonté, mais doivent se battre pour se faire un nom dans les hautes sphères de la finance, où beaucoup de gens ne savent même pas ce qu’est Internet. Pendant la grande majorité du film, on s’aperçoit que leurs actions portent fruit (l’entreprise passe de huit à 200 employés en moins d’un an!), malgré quelques ratés en cours de route. Les dirigeants fraieront même avec les millions, eux qui, ironiquement, ont eu toutes les misères du monde à amasser des fonds pour créer leur site. Mais tout cela n’est qu’illusion, et nos deux hommes d’affaires déchanteront assez rapidement.

La grande qualité de Startup.com, c’est de suivre à la loupe chacune des étapes vécues par cette entreprise en pleine croissance. On est dans le coeur de l’action: on est témoin des prises de décisions, des bons coups et des moins bons, des doutes qui tenaillent les dirigeants, des poignées de main, des demandes de financement, des entrevues à la télé, des réunions d’affaires, des déplacements continuels entre New York et Silicon Valley… On voit même Kaleil Isaza Tuzman parler à Bill Clinton et rire avec lui. Il est cependant déplorable qu’on ait escamoté les raisons ayant mené à la chute de govWorks.com. On aurait aimé saisir les deux côtés de la médaille, et voir les réactions de nos deux hommes d’affaires devant leurs déboires. Entre les lignes, on peut comprendre que le monde de la finance est impitoyable pour ceux qui tentent de s’y infiltrer, même s’ils trouvent l’idée du siècle. Aux dernières nouvelles, malgré leur échec, Tuzman et Herman auraient lancé une nouvelle compagnie. La bosse des affaires, ça ne se perd vraiment pas.

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