Aimée et Jaguar : Amour de guerre
Cinéma

Aimée et Jaguar : Amour de guerre

Berlin, 1943. Pendant que les Alliés bombardent la capitale germanique pour faire capituler Hitler et que l’Holocauste fauche des centaines de milliers de vies, deux femmes, l’une allemande et l’autre juive, s’aiment passionnément malgré les événements dramatiques se déroulant autour d’elles.

Berlin, 1943. Pendant que les Alliés bombardent la capitale germanique pour faire capituler Hitler et que l’Holocauste fauche des centaines de milliers de vies, deux femmes, l’une allemande et l’autre juive, s’aiment passionnément malgré les événements dramatiques se déroulant autour d’elles. Pourtant, tout les sépare: Lili (Juliane Köhler) est une mère de famille trompant son mari avec des généraux allemands; et Felice (Maria Schrader) se cache en travaillant dans un journal de propagande nazie, espérant qu’on ne découvre jamais sa véritable identité. Mais un seul regard, pendant une fête, suffira à faire basculer leurs destins, et à les unir pour la vie.

Premier film d’un réalisateur de télévision, Max Färberböck, Aimée et Jaguar surprend par sa grande maîtrise. Construit sous forme d’un long flash-back (Lili, à 85 ans, se remémore cette partie de sa vie en croisant, 50 ans plus tard, son amie Ilse), il évite les écueils du sensationnalisme et des émotions soulignées à gros traits. On devine aisément tout le drame habitant cette histoire sur fond de guerre et de répression, et le réalisateur a heureusement joué la carte de la simplicité, misant davantage sur le jeu de ses comédiennes que sur le côté tragique. Son film ne pèche pas par excès d’originalité sur le plan de la forme, mais le ton s’avère toujours juste, la caméra de Färberböck n’agissant qu’en simple observatrice. Aimée et Jaguar fait partie de ces romances qu’on adore: malgré les obstacles et les différences de religion ou de milieu social, l’amour se fait inconditionnel, et triomphe finalement de tout.

Dans ce récit crève-coeur, tiré d’un fait vécu, se démarque la présence intense des deux actrices principales, qui ont réussi à rendre crédible cet amour lesbien. Il n’est pas étonnant qu’elles aient récolté le prix d’interprétation lors du Festival du film de Berlin, en 1999. Il s’agit là d’une récompense bien méritée… Tantôt exubérante, tantôt émouvante, Maria Schrader apporte charme et profondeur à son personnage de Felice; tandis que Juliane Köhler est particulièrement troublante dans son rôle de Lili, cette hétérosexuelle qui réussira à s’épanouir en aimant une autre femme. Köhler déploie une gamme impressionnante d’émotions: rage, extase, incrédulité, jalousie… Sans aucune prétention, Aimée et Jaguar s’avère un bon petit film, surtout pour ceux et celles qui n’ont pas peur de sortir leurs kleenex…

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