The Golden Bowl : Objet d'art
Cinéma

The Golden Bowl : Objet d’art

Largement mésestimé, le cinéaste anglais James Ivory fait partie de ces vieux routards qui sortent un film aux deux ans. Aussi prolifique que Woody Allen, il a réalisé au cours de cette dernière décennie de quoi auréoler son nom (Howard’s End, Remains of the Day).

Largement mésestimé, le cinéaste anglais James Ivory fait partie de ces vieux routards qui sortent un film aux deux ans. Aussi prolifique que Woody Allen, il a réalisé au cours de cette dernière décennie de quoi auréoler son nom (Howard’s End, Remains of the Day). S’il semble faire preuve d’un fétichisme certain pour le film d’époque, on remarque qu’il place souvent ses cadres historiques dans un passé plutôt familier, hésitant constamment entre le XIXe et le début du XXe. Et en la matière, il faut reconnaître qu’il excelle. Jamais ampoulée, sa mise en scène brille une fois de plus par la richesse des personnages sans toutefois négliger un faste qui ne manque jamais d’émouvoir (les costumes sont exquis).

Avec The Golden Bowl, Ivory butine de nouveau dans l’inépuisable testament du romancier Henry James, et décalque un délectable portrait de la nature humaine, partagée entre bonté et mesquinerie. En 1903, l’Angleterre a troqué Victoria contre Édouard VII. Le nouvel ordre économique vient sonner l’extinction inéluctable de l’aristocratie. D’origine modeste, l’Américaine Charlotte (Uma Thurman, jeu honnête) s’appuie sur un arbre généalogique bien maigrelet comparé à celui de ses hôtes londoniens. Elle se pâme pour un prince italien (Jeremy Northam) qui n’a plus de prestigieux que le titre. Il lui préfère Maggie (Kate Beckinsale), fille d’un milliardaire américain expatrié en Angleterre (Nick Nolte, excellent) et amie d’enfance de Charlotte. Cette dernière fera encore mieux. Elle épouse carrément le richissime père pour ne jamais perdre de vue son amant. L’opportunisme est flagrant.

La trahison s’exprimera avec une sournoiserie ingénieuse et les observateurs n’en seront que plus outrés (Anjelica Huston). Apparemment naïfs, le père et sa fille répliquent avec une bonté désarmante qui rend les machinations contre eux d’autant plus méprisables. Et puis, il y a cet objet qui agit comme une symbolique de l’histoire: une coupe de cristal byzantin orné d’or, visiblement sublime, mais qu’une imperceptible faille condamne comme une vulgaire pièce ancienne. De tous les personnages, le plus intéressant est peut-être celui de Nick Nolte, mécène et philanthrope qui, loin d’être dupe, se cantonne dans un mutisme volontaire, préférant sa collection d’art aux jeux de vanité et de cupidité. Immensément reconnaissant à sa patrie, les États-Unis, il travaille à y bâtir un musée en arrachant des oeuvres aux élites vacillantes d’Europe, pour les rendre accessibles au peuple non stratifié d’Amérique. Noble projet.

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