Festival Présence autochtone : L'autre Amérique
Cinéma

Festival Présence autochtone : L’autre Amérique

Quand on montre, hors d’un musée poussiérieux, tous les signes extérieurs d’une culture (dans la peinture, la musique, la sculpture, la gastronomie, la danse et le cinéma), cela veut bien dire qu’on existe toujours. Et qu’on réussit à transmettre un savoir. Présence autochtone revient donc pour la 11e  année.

Quand on montre, hors d’un musée poussiérieux, tous les signes extérieurs d’une culture (dans la peinture, la musique, la sculpture, la gastronomie, la danse et le cinéma), cela veut bien dire qu’on existe toujours. Et qu’on réussit à transmettre un savoir. Présence autochtone revient donc pour la 11e année.

Il y a 300 ans, des ambassadeurs amérindiens de tous les horizons venaient signer à Montréal le plus important traité de paix que l’Amérique ait connu. En combinant le tricentenaire de cette Grande Paix de Montréal et l’arrivée d’un nouveau millénaire encore guerrier, Présence autochtone 2001 trouve matière à persévérer et à affirmer la détermination des peuples autochtones de cet hémisphère ainsi qu’à montrer un autre visage de l’Amérique. Emblématique est donc la présence de la Guatémaltèque Rigoberta Menchù Tum, première aborigène à recevoir le prix Nobel de la Paix; emblématiques aussi les 40 mâts totémiques pour la paix du Jardin botanique, représentant l’Arbre de la Paix des signataires de l’entente de 1701. Et de plus en plus diversifiée, la programmation des films et vidéos de ce festival. Mais signe que la culture autochtone n’est plus celle qui domine, le volet cinéma de ce festival en reste un de l’identitaire, de l’affirmation. Si le sujet des films reste année après année l’existence et la survie culturelle, la forme, elle, évolue.

On retrouve des documentaires en film d’ouverture et de clôture: Le Pays hanté, film canado-guatémaltèque de Mary Ellen Davis sur les massacres des populations indigènes lors de la récente guerre civile; et Sacred Run, d’Andrea Sadler, à propos de la commémoration des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. On peut revoir aussi Pluie de pierres à Whiskey Trench, le dernier film d’Alanis Obomsawin, sur les événements inquiétants qui se sont déroulés à la sortie de la réserve de Kahnawake en août 90. Mais c’est à l’intérieur de la "rez" qu’on peut constater de belles entorses à la démocratie dans Superchief, l’ahurissante course au pouvoir dans la réserve White Earth, au Minnesota. Une caricature clownesque de la dictature… Notons aussi deux retours au passé cinématographique: Jay Silverheels, The Man Behind the Mask, de David Finch, un documentaire sur la première star amérindienne (mohawk) du petit écran, qui jouait Tonto dans la série The Lone Ranger; et Navajo Boy, de William Kennedy, sur les protagonistes des films de John Ford, les Navajos de Monument Valley.

Dans le lot des fictions, trois oeuvres à voir: la vidéo de Zacharias Kunuk (caméra d’or à Cannes pour Atanarjuat), Nipi, qui parle de la création du Nunavut; le plan-séquence de six minutes de Thirza Cuthand sur une amante désenchantée mais enchaînée, qui parle de fée Carabosse dominatrix et de rats perturbants dans Helpless Maiden Makes an "I" Statement; et les effets spéciaux inquiétants d’un film en provenance d’Alaska, le premier réalisé par un Alaskien: Kusah Hakwaan, de Sean Morris, sur un monstre hideux de la mythologie tlight. Un film de genre amérindien qui manie bien les scènes d’épouvante, à grand renfort de sous-bois lugubres, de lune cachée et de fumigènes rouges.

Présence autochtone 2001
Du 11 au 21 juin
Pour information: www.nativeLynx.qc.ca
Tél.: (514) 575-1701