The Anniversary Party : Sur invitation
Cinéma

The Anniversary Party : Sur invitation

Quand Hollywood se regarde le nombril, décortique ses tics, essaie de rire de ses travers, le résultat peut être très drôle ou, à l’inverse, carrément insupportable. Ou ça fonctionne, que l’on pense à The Player de Robert Altman, ou ça prend des allures d’ego trip démesuré; et The Anniversary Party, première réalisation de Jennifer Jason Leigh et d’Alan Cummins, fait partie de cette deuxième  catégorie.

Quand Hollywood se regarde le nombril, décortique ses tics, essaie de rire de ses travers, le résultat peut être très drôle ou, à l’inverse, carrément insupportable. Ou ça fonctionne, que l’on pense à The Player de Robert Altman, ou ça prend des allures d’ego trip démesuré; et The Anniversary Party, première réalisation de Jennifer Jason Leigh et d’Alan Cumming, fait partie de cette deuxième catégorie. Largement inspirés par le manifeste du Dogme (Leigh revenant justement d’un tournage avec le cinéaste danois Kristian Levring), les deux acteurs ont écrit un scénario en pensant à leurs amis (Kevin Kline, Phoebe Cates, Jennifer Beales, Gwyneth Paltrow, John C. Reilly, alouette), qui se sont rués en masse pour participer à l’aventure; ils ont tourné en 19 jours, avec l’aide d’une caméra numérique, ce petit film qui commence pourtant très bien.

Joe (Cumming), scénariste et futur réalisateur d’origine anglaise, et Sally (Leigh), actrice, forment un petit couple fêtant son sixième anniversaire de mariage. Ils sont riches, ils sont beaux, leur vie amoureuse va beaucoup mieux, après plusieurs mois de thérapie; ils n’ont pas d’enfant mais chouchoutent leur chien, et ils sont vachement tendance: ils pratiquent le yoga et décorent leur maison façon Wallpaper. Pour l’occasion, ils réunissent autour d’eux tous leurs copains afin de célébrer en grand cet événement. S’amène alors toute une série de gros bonnets d’Hollywood: acteurs, réalisateurs, producteurs; même les voisins indésirables viennent sabrer le champagne en compagnie des jubilaires.

La première partie de The Anniversary Party s’avère fort réjouissante avec son lot de commérages, de quiproquos et de débordements émotifs. On parle dans le dos de l’un et de l’autre, et on rit de bon coeur. Chapeau d’ailleurs à Jane Adams dans le rôle d’une nouvelle maman complètement dépassée – juste voir son air découragé vaut le déplacement -, et à Michael Panes, qui nous sert une imitation de Peter Sellers plus vraie que nature. En fait, le ton libre et spontané adopté par les deux réalisateurs sauve presque ce film. Malheureusement, quand les personnages tombent dans un trip d’ecstasy, on décroche assez vite. À partir de là, tous les problèmes éclatent, ce qui devient lassant: le petit film pétillant se transforme en un gros drame larmoyant, trop gros pour être crédible.

Le problème majeur de The Anniversary Party, malgré son scénario bancal, c’est le gaspillage éhonté de certains acteurs, à qui l’on a offert des rôles bidon et sans consistance: quelle est la contribution de Gwyneth dans ce film à part cligner des paupières, faire la belle et fournir l’ecstasy, le point tournant de l’histoire? Même chose pour John C. Reilly ou Parkey Posey, pourtant d’excellents comédiens, mais escamotés de ce récit.

Hormis les quelques moments rigolos, on s’intéresse vaguement à ce grattage de bobos. Ce qu’on aurait cru être une charge intelligente, vitriolique et vivante ne va pas plus loin que le papotage anecdotique. The Anniversary Party reste un projet d’acteurs, écrit pour des acteurs, et qui intéressera les acteurs ou ceux qui aiment le potinage hollywoodien. Qui voudrait voir un film réalisé par des plombiers sur des plombiers? Poser la question, c’est y répondre.

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