The Bride of the Wind : Femme au foyer
Cinéma

The Bride of the Wind : Femme au foyer

Les grands destins n’inspirent pas nécessairement de grands films, et la vie d’Alma Mahler, traversée du siècle emblématique ayant incarné 100 ans de conscience, sinon féministe, du moins féminine, méritait mieux que The Bride of the Wind, illustration convenue signée Bruce  Beresford.

Les grands destins n’inspirent pas nécessairement de grands films, et la vie d’Alma Mahler, traversée du siècle emblématique ayant incarné 100 ans de conscience, sinon féministe, du moins féminine, méritait mieux que The Bride of the Wind, illustration convenue signée Bruce Beresford.

Lorsqu’elle épouse Mahler (Jonathan Pryce), Alma Schindler (Sarah Wynter) est une musicienne douée, un esprit libre et l’une des plus belles femmes de Vienne, qui a déjà eu Klimt pour amant. À la demande du compositeur, elle abandonne la création, afin de se consacrer à son foyer, à son mari et à leurs enfants. Devenue veuve dans une ville en pleine effervescence, elle assume avec éclat son rôle d’égérie, et devient la maîtresse du peintre Oskar Kokoschka (Vincent Pérez), puis épouse Walter Gropius (Simon Verhoeven), un des fondateurs du Bauhaus, et, peu de temps après, se marie avec l’écrivain Franz Werfel (Gregor Seberg).

Amoureuse du talent, et dotée d’un formidable appétit de vivre, Alma Mahler fut une force de la nature, une muse tantôt enthousiaste, tantôt récalcitrante, une femme de coeur et de tête qui annonça les combats des femmes du XXe siècle, dans les rues et dans les lits. Hélas, dans The Bride of the Wind, il faut se fier à ce qu’en disent les protagonistes, car on ne trouve guère de passion ou de charisme dans ce personnage que Beresford guide sur un parcours obligé. Beauté hiératique à la Cate Blanchett, Sarah Wynter fait ce qu’elle peut, mais le film ne suit pas.

L’entrée en matière est superbe: Alma arrive à un bal costumé, et, par l’éclat de sa robe écarlate, amène couleur et chaleur dans un monde en noir et blanc. La suite n’est qu’une succession de vignettes où les émotions sont télégraphiées, soulignées, expliquées: premier mari, café viennois; premier amant, pâtisseries viennoises; mort d’un enfant, évocation de Freud; second mari, l’archiduc Ferdinand; troisième mari, etc. Cinéaste honnête, mais qui fait dans le cinéma à numéros, comme on le dit de la peinture, Beresford n’aura pas fait ce film en vain si, quelque part, quelqu’un découvre Alma Mahler, lit ses journaux intimes, et pousse jusqu’à la lecture de Zut, on a encore oublié madame Freud, de Françoise Xenakis, ouvrage savoureux sur les "grandes femmes derrière les grands hommes", telles qu’Alma Mahler, Adèle Hugo, mesdames Socrate, Freud, Marx, et quelques autres.

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