Baby Boy : Au revoir les enfants
Cinéma

Baby Boy : Au revoir les enfants

Le début promet, avec une image saisissante de Jodi adulte, nu comme un ver, criant dans le ventre de sa mère, et un narrateur émettant l’hypothèse que le racisme est responsable de l’infantilisation des jeunes blacks.

À 20 ans, Jodi (Tyrese Gibson) a déjà fait de la prison, et a déjà eu deux enfants avec deux femmes, mais il n’a toujours pas de travail stable, et vit encore chez sa maman (A.J. Johnson). Le coeur à la bonne place, mais un peu tête brûlée, c’est la version black du syndrome de Peter Pan, quelque part dans South Central Los Angeles. Alors que sa mère, dans la trentaine, s’éprend d’un jardinier très musclé (Ving Rhames), et que sa blonde (Taraji P. Henson) a maille à partir avec son ex (Snoop Doggy Dog), qui vient tout juste de sortir de prison, le grand bébé sera bien obligé de quitter le nid, et de voler de ses propres ailes.

Le début promet, avec une image saisissante de Jodi adulte, nu comme un ver, criant dans le ventre de sa mère, et un narrateur émettant l’hypothèse que le racisme est responsable de l’infantilisation des jeunes blacks. Hélas, après cette ouverture visuellement surréaliste, et visant à placer le film dans un contexte social, Baby Boy s’enlise, pendant 129 longues minutes, dans une mosaïque d’intrigues au ton lourdement didactique, suite de scènes bavardes, où la démonstration l’emporte sur le cinéma.

En 1991, à 23 ans, John Singleton réalisait Boyz N the Hood, un impressionnant premier film, dans lequel il montrait la jeunesse noire de L.A. comme on ne l’avait jamais vue. Après Poetic Justice, Higher Learning et Shaft, il porte un regard sans complaisance sur les jeunes Noirs nord-américains. Écrit et réalisé par Singleton, Baby Boy est le genre de film bourré de bonnes intentions. Rien à redire au besoin de représentation d’une partie de la population nord-américaine, à la volonté d’examiner un problème sociopolitique par le biais de la vie privée, et à l’angle original que prend le cinéaste pour traiter d’une réalité inquiétante. Pas plus que dans Boyz N the Hood, Singleton ne s’apitoie sur ses personnages, et il ne renvoie pas la balle dans le camp des Blancs. C’est la manière Oprah: prenez votre vie en main, et vivez au maximum de vos capacités. Mais les bons sentiments n’ayant jamais donné de bons films, Baby Boy ne dépasse jamais le niveau d’un mélodrame télévisuel. Dommage.

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