K2 : Belles dents…
Cinéma

K2 : Belles dents…

Gabriel Pelletier peut sourire à pleines canines: le deuxième volet des aventures comico-vampiriques a du mordant. Trêve de blagues de dentistes: Karmina 2, K2, a de quoi tenir la route. La chose n’était pas évidente. En 1996, Karmina, qui avait été un succès moyen en salle mais qui est rapidement devenu un film culte en vidéo, a ses  fans.

Gabriel Pelletier peut sourire à pleines canines: le deuxième volet des aventures comico-vampiriques a du mordant. Trêve de blagues de dentistes: Karmina 2, K2, a de quoi tenir la route. La chose n’était pas évidente. En 1996, Karmina, qui avait été un succès moyen en salle mais qui est rapidement devenu un film culte en vidéo, a ses fans. Et le fan déçu, il n’existe rien de pire. "Il y a un noyau dur de gens qui aiment Karmina, des ados et même de grands ados qui ont loué le film plusieurs fois, explique Gabriel Pelletier. Il fallait que je leur sois fidèle, ils avaient monté des fans-clubs amateurs et m’envoyaient des courriels." De la pression de ces amateurs de comédie loufoque, dont le patron d’Alliance, est né le projet de reprendre les aventures rocambolesques de Vlad et de ses sbires. "Le film n’aura jamais l’originalité du premier, assure Pelletier. Mais on reprend les mêmes éléments, en élargissant avec plus d’action et d’effets spéciaux." Cinq ans après, Ghyslain Chabot (Gildor Roy) maintient l’ordre vampirique en distribuant la potion inventée par Esméralda (France Castel). Mais Linda, épouse de Ghyslain (Diane Lavallée), rêve de devenir vampire pour se venger de Vlad (Yves Pelletier). Chicane de couple: Ghyslain est mis à la porte de son manoir de banlieue et il se réfugie chez Vlad, qui fait dans l’escroquerie minable. Les problèmes déboulent: la potion n’est plus livrée, les vampires prolifèrent, une journaliste d’enquête (Sylvie Léonard) poursuit Vlad et Ghyslain, tout comme le roi de la poutine, Proulx (Julien Poulin)! Depuis sa Transylvanie, Karmina (Isabelle Cyr) se fâche et vient mettre fin à la zizanie…

"Alors que Karmina constituait un voyage vers la lumière, explique sérieusement le réalisateur, K2 en est un vers la noirceur: c’est la perte de l’innocence totale." Les vampires volent bas et font certes quelques carnages, mais ledit phénomène d’innocence perdue passe surtout par Linda, femme au foyer lambda de type Les Voisins, qui devient une vampirette tout ce qu’il a de plus sexy et d’émancipé. En gros, les personnages de second plan dans Karmina prennent ici le haut du pavé. Une fois de plus, Gildor Roy est excellent, très Lou Costello. Yves Pelletier, scénariste du film et plus survolté que jamais, continue son babillage incompréhensible, et le duo Julien Poulin-Michel Courtemanche fait mouche. L’apparition particulièrement délirante de Macha Limonchik vaut le détour… Gros gags, phrases punchs, effets spéciaux bien menés et superbes costumes et maquillage: dans le genre, K2 a du ressort, même si la mise en scène et le travail de la lumière ne cassent pas des briques. Ex-monteur, Pelletier sait cependant où les gags doivent se terminer, ce qui permet de ne pas s’attarder sur certaines circonvolutions longuettes du scénario. Et le film serait l’équivalent quebecus des Visiteurs gaulois, film que le réalisateur prend pour modèle. Mais il n’aime pas que les grosses farces, monsieur Pelletier. Cet ancien étudiant en cinéma, qui craque pour Cassavetes, aurait même découvert sur le tard un sens de l’humour, un goût pour la comédie: "J’avais de la résistance, avoue-t-il. Il y a beaucoup de mauvais humoristes et le genre prend énormément de place au Québec. De participer à ce phénomène est presque contre-nature!" Mais si la pilule s’avale mieux après le succès de La Vie après l’amour l’année dernière, on sent en effet que l’humour des deux Pelletier ne fonctionne pas à vide, qu’il est alimenté à la fois par des références culturelles plus musclées que la moyenne des ours, et par un jeu de contorsion absurde de la culture populaire (Sylvie Léonard en Jocelyne Cazin). "Les personnages sont des clowns, déclare l’auteur. Karmina, c’est Colombine, et cela permet de pasticher des méchants en se laissant complètement aller, et aussi de permettre d’établir une distance avec le public." La bouffonnerie très comedia dell’arte se prend comme elle vient: en une bouchée…

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