America's Sweetheart : Histoires de couple
Cinéma

America’s Sweetheart : Histoires de couple

Réalisé par Joe Roth, producteur responsable de la croissance de Disney, et de la Fox, dans les années 90, America’s Sweetheart est un hommage tordu à cette époque marquée par Cukor, Wilder, Sturges, Capra, Lubitsch et  Hawks.

Depuis le temps qu’Hollywood court après son âge d’or, celui d’avant la télévision, celui de la suprématie des grands studios, celui de cinéastes inventifs et populaires, il l’a peut-être rattrapé. Du moins, pour ce qui est de la quantité; pour la qualité, ça se discute…

Réalisé par Joe Roth, producteur responsable de la croissance de Disney, et de la Fox, dans les années 90, America’s Sweetheart est un hommage tordu à cette époque marquée par Cukor, Wilder, Sturges, Capra, Lubitsch et Hawks. La nostalgie n’étant plus ce qu’elle était, cette gentille comédie n’arrive, bien sûr, pas à la cheville de ses illustres prédécesseurs. Si la comédie est une mécanique, c’en est une qui demande doigté et précision. Ici, on sent la machine, les roues qui grincent, les pistons qui s’enclenchent, le gag qui arrive, le dénouement qui s’annonce très tôt. Le point de départ est prometteur, le casting est alléchant, et la première moitié est bien ficelée; mais le rythme s’essouffle en deuxième partie, mettant au jour le moteur défaillant de ce bel engin.

À la veille de sa retraite forcée, un agent de presse (Billy Crystal) doit faire l’impossible: organiser un junket pour un film que personne n’a vu, le réalisateur (Christopher Walken) le retenant en otage jusqu’à la dernière minute, et mettant en vedette Gwen et Eddy (Catherine Zeta-Jones et John Cusack), séparés depuis peu. Avec l’aide de la soeur de Gwen (Julia Roberts), jeune femme effacée, et qui vient de perdre 30 kilos, l’agent de presse va orchestrer un délirant week-end dans un hôtel perdu dans le désert du Nevada.

Dans les années 30, les comédies américaines faisaient rêver le public avec des personnages de riches oisifs buvant du champagne, dans des appartements tout blancs. Aujourd’hui, Entertainment Tonight oblige, ce sont les coulisses d’Hollywood, et la vie privée des stars, qui servent de toile de fond. Ce qu’on voit moins, ce sont les coulisses des coulisses, comme ces junkets, opérations surréalistes, entre Kafka et Fellini, au cours desquelles les vedettes d’un film et une centaine de journalistes sont réunis dans un hôtel, et passent leur temps à découper leurs journées en saucissons promotionnels de cinq minutes maximum.

Produit et coscénarisé par Crystal, America’s Sweetheart a son lot de scènes drôles (les bandes-annonces des films de Gwen et Eddy, ce dernier dans un centre de recherche spirituelle, les échanges entre l’agent de presse et son adjoint); mais plus le film avance, plus il fait du surplace. Restent les acteurs, pierre d’assise de ce film d’été pas plus mauvais qu’un autre.

Quintessence de la star hollywoodienne, en Ava Gardner égocentrique, Zeta-Jones est savoureuse ("Elle était plus gentille quand elle était grosse!", en parlant de sa soeur); avec l’aisance d’un Spencer Tracy, Billy Crystal navigue à vue; et, sans jamais sembler faire le moindre effort, John Cusack pourrait bien, pour continuer dans les comparaisons, être le James Stewart de sa génération. Et puis, il y a Julia, qui, sans être la Katharine Hepburn de ce siècle-ci, tire bien son épingle du jeu, si on arrive à croire qu’elle a déjà été grosse, et qu’elle vit dans l’ombre de sa soeur…

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