Made : Un Américain à New York
Cinéma

Made : Un Américain à New York

Vient parfois un temps où l’acteur est saisi par l’envie de réaliser des films. L’aboutissement est très variable. Il se révèle par moments de véritables talents alors qu’à d’autres occasions, on conjure lesdits acteurs de regagner prestement leur place devant la caméra. Le cas de Jon Favreau ne se situe ni dans un extrême ni dans  l’autre.

Vient parfois un temps où l’acteur est saisi par l’envie de réaliser des films. L’aboutissement est très variable. Il se révèle par moments de véritables talents alors qu’à d’autres occasions, on conjure lesdits acteurs de regagner prestement leur place devant la caméra. Le cas de Jon Favreau ne se situe ni dans un extrême ni dans l’autre. Il se niche discrètement au beau milieu. Ne dévoilant certes pas un metteur en scène foudroyant, Made, sa première réalisation mais non sa première scénarisation, n’accuse aucun défaut majeur et se laisse prendre docilement comme un film fait de bon coeur et sans grande prétention. Même si le déroulement se cantonne dans une certaine linéarité, il n’en demeure pas moins que le résultat est fort plaisant, essentiellement grâce au jeu des acteurs.

Favreau, pour ceux qui s’en souviennent, est l’un des deux comédiens principaux qui avaient fait de Swingers un succès d’estime, il y a cinq ans, l’autre étant Vince Vaughn (excellent dans Psycho de Gus Van Sant). On l’aura compris, le duo reprend du service dans Made. Si leur prestation d’antan avait bien plu dans le registre des aventures sentimentales, cette fois, les deux protagonistes se laissent mener avec un timide consentement dans les sphères louches de la mafia. Pas très rusés, pour ne pas dire simplets, ils contribueront à leur tour à la démolition du mythe du gangster professionnel. Favreau est Bobby; Vaughn est Ricky.

Sincères copains, malgré leur forte propension à l’obstination, Bobby et Ricky sont inséparables par défaut. Le jour, ils accomplissent leur besogne de maçons. Le soir, ils se défoulent à grands coups de poing sur le ring. Mais leur sport fétiche demeure la prise de bec carabinée de "fuck" qu’ils pratiquent à tout bout de champ et sur tous les tons. À l’origine de ces divergences inconciliables, un caractère contrasté qui fait de Bobby un gars raisonné (sans être particulièrement brillant) et de Ricky un spéculateur impulsif qui ignore, quant à lui, la fonction même de raisonnement.

Sans faire exprès, Bobby contracte une dette envers la mafia qui le conduira tout droit dans le bureau du "père spirituel", Max (Peter Falk en gangster juif!). Pour se racheter, il devra accomplir une mission de haute importance dans les coupe-gorge de New York, lui si accoutumé aux palmiers de Californie. Et puis ne pouvant se départir de son copain, Bobby le met dans le coup (ce qui équivaut à signer son constat d’échec avant même d’entamer sa tâche). Infiniment pingre et égocentrique, l’écervelé multipliera les dérapages diplomatiques et exaspérera les hautes instances du crime organisé (Sean Combs, alias Puff Daddy).

Dans un jeu sportif, Vaughn se lance dans les verbiages inconséquents et expose sa logique inefficace (et fort risible) avec une verve qui classe ce rôle parmi ses meilleurs au cinéma. Quant à Peter Falk, malgré sa carrière de Colombo tatouée sur le front, il possède un charisme indiscutable et une maîtrise de vieux routard qui transforment ses moindres apparitions en pur délice. Recommandable pour le casting.

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