Les Cachetonneurs : Portrait de groupe
Cinéma

Les Cachetonneurs : Portrait de groupe

Un cachetonneur, c’est un musicien, souvent formé au Conservatoire, ou une autre école très sérieuse, qui prend ce qui passe. Ici, on dit "faire une gig", qu’il s’agisse d’un concert privé, d’un mariage, d’une bar-mitsvah, d’une croisière dans les Antilles, d’un téléthon télévisé ou d’une scène extérieure du Festival de Jazz.

Un cachetonneur, c’est un musicien, souvent formé au Conservatoire, ou une autre école très sérieuse, qui prend ce qui passe. Ici, on dit "faire une gig", qu’il s’agisse d’un concert privé, d’un mariage, d’une bar-mitsvah, d’une croisière dans les Antilles, d’un téléthon télévisé ou d’une scène extérieure du Festival de Jazz.

Le premier long métrage de Denis Dercourt met en scène une poignée de ces pigistes de la musique, réunis dans un château normand, afin d’y donner un concert de Nouvel An, pour un vieux mélomane sourd (Philippe Clay). Groupe hétéroclite, constitué de personnalités fortes, le sextette se jauge, se chamaille, et répète mollement, dans l’attente d’un chef d’orchestre (Henri Garcin) qui tarde à arriver. Le clarinettiste (Wilfred Benaïche), vieux garçon, présente la flûtiste (Marie-Christine Laurent), enceinte jusqu’aux yeux, à sa mère (Yvette Petit); la violoniste (Clémentine Benoît) donne du fil à retordre à son maître (Ivry Gitlis); le violoncelliste (Marc Citti) est un peu dragueur et kleptomane; l’altiste (Serge Renko) crie au meurtre dès qu’on le contredit; et le contrebassiste (Pierre Lacan), maître d’oeuvre de ce fiasco annoncé, tente de sauver les meubles. Hormis une naissance, une mort subite et un coup fourré, qui finira bien, il ne se passe pas grand-chose de plus dans cette gentille comédie, si fine qu’elle frise l’anémie…

Ce n’est pas la première fois que le quotidien d’un orchestre (ça pourrait être une troupe de théâtre, une équipe sportive, le personnel d’un restaurant, etc.) sert de métaphore à la vie en société, la référence absolue étant Prova d’orchestra, de Fellini. Les rapports tantôt complices, tantôt hostiles, des musiciens entre eux, et avec l’autorité du chef; les sensibilités exacerbées et la démerde pour survivre; l’exigence de la musique et l’ego des musiciens: formé au Conservatoire de Paris, et cachetonneur pendant 15 ans, Denis Dercourt sait de quoi il parle; mais son envie de comédie mène le film dans une zone grise, entre le maniérisme d’un Deville et la bouffonnerie d’un sketch des Inconnus.

En deuxième partie, Les Cachetonneurs change de rythme, en sortant du huis clos de l’orchestre, et les scènes, très réussies, du jam des musiciens de raï, ou encore celle du spectacle dans l’école primaire, aèrent un film tout à la fois léger et étouffant. Une demi-réussite.

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