La vérité est un mensonge : Images de soi
Cinéma

La vérité est un mensonge : Images de soi

"Je joue ma vie… comprenne qui voudra", confesse Pierre Goupil dans La vérité est un mensonge, film inclassable qui, 16 ans après Celui qui voit les heures, s’inscrit dans la démarche de ce cinéaste explorant l’autofiction et l’essai autobiographique, un auteur marqué par les figures de Godard, de Cioran et de Patrick  Straram.

"Je joue ma vie… comprenne qui voudra", confesse Pierre Goupil dans La vérité est un mensonge, film inclassable qui, 16 ans après Celui qui voit les heures, s’inscrit dans la démarche de ce cinéaste explorant l’autofiction et l’essai autobiographique, un auteur marqué par les figures de Godard, de Cioran et de Patrick Straram.

À l’approche de la cinquantaine, après quelques années d’internement en institution psychiatrique, un homme (Pierre Goupil) sort de son silence, et se remet au cinéma, entouré par ses amis, sa mère, et la femme qu’il aime (Gisèle Poupart). Une fois qu’on a dit ça, on n’a rien dit, car ce film, qui est d’abord une voix, a tout de l’objet irréductible. Qui est cet homme, qu’on appelle parfois Jean-Pierre Lussier, parfois Pierre Goupil? Et cette femme aimée qui dit, à la caméra, qu’elle ne jouera jamais dans un film? Peu importe, tout est vrai, seuls les faits ont été changés, et, que ce soit devant ou derrière la caméra, le cinéaste brouille les cartes pour y voir plus clair. C’est le paradoxe de tout créateur, qu’il s’appelle Flaubert, Picasso ou Godard.

Chronique du quotidien d’un mésadapté social, réflexion sur la nature même du cinéma, La vérité est un mensonge est un film anachronique, à une époque où chaque film doit être moulé au goût du jour. Anachronique par sa sensibilité anarchiste, par son refus d’être aimable, par sa recherche constante d’une vérité qui se dérobe, par sa façon frappée au sceau du cinéma des années 60. "On ne peut pas faire un film authentique si on prend une forme qui n’est pas la nôtre", explique très justement Barbara Ulrich. Ici, ça emprunte les contours d’un faux journal intime, et d’une vraie confession, avec la sincérité, l’impudeur et le nombrilisme propres à l’autobiographie.

Cité dans le film, Godard disait qu’il "faut faire ce qu’on peut, pas ce qu’on veut; faire ce qu’on veut, avec ce qu’on a, et ne pas rêver l’impossible". Pierre Goupil, lui, a fait avec ce qu’il est: un cinéaste qui cherche, un citoyen "bipolaire cyclothymique" ("Je préfère ça à maniacodépressif", dit-il, non sans humour), un homme pour qui le cinéma est un moyen d’apprendre à vivre, et d’apprendre à vivre avec les autres.

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