Jay and Silent Bob Strike Back : Mauvaise farce
Cinéma

Jay and Silent Bob Strike Back : Mauvaise farce

Il y a des cinéastes qui font tout pour nous mettre à l’aise. Prenez Kevin Smith (Clerks, Mallrats, Chasing Amy, Dogma). Regarder ses films, c’est comme enfiler une vieille pantoufle tant on a l’impression de baigner en eaux familières. On se délecte à l’avance de ses répliques cruelles, de son attachement au New Jersey et de son obsession pour la bande dessinée.

Il y a des cinéastes qui font tout pour nous mettre à l’aise. Prenez Kevin Smith (Clerks, Mallrats, Chasing Amy, Dogma). Regarder ses films, c’est comme enfiler une vieille pantoufle tant on a l’impression de baigner en eaux familières. On se délecte à l’avance de ses répliques cruelles, de son attachement au New Jersey et de son obsession pour la bande dessinée. Seulement, vient un moment où la lassitude et l’essoufflement trahissent un manque d’inspiration méticuleusement camouflé par les citations.

C’est dans Clerks, son premier film et de loin son meilleur, que l’on découvrait le rondelet Silent Bob (Kevin Smith), dans un rôle muet et impassible auprès du bavard et outrageusement insolent Jay (le blond Jason Mewes). La chevelure soigneusement déposée sur les épaules, ce dernier s’agitait dans une mauvaise humeur chronique aux abords du fameux dépanneur où il effectuait quelques deals mineurs.

Depuis, le duo a roulé sa bosse sur trois autres longs métrages, multipliant les apparitions fugitives et suscitant l’attachement des fans. Smith décida d’en faire des personnages principaux. Maladroitement étalée, la recette laisse cependant un étrange arrière-goût d’opportunisme. Smith, qui semble s’être subitement découvert un penchant pour les farces scatologiques et les fantasmes prépubères, en a presque perdu sa plume. Surgit alors un humour gras et régressif qui ressemble si peu à l’auteur.

Jay et Silent Bob, qui ont inspiré la bédé Bluntman and Chronic, apprennent avec horreur que l’on s’apprête à porter leurs personnages à l’écran, à leur insu. Pour sauver l’honneur, ils se précipitent à Hollywood et vivent moult péripéties peuplées de déchargements de gaz intestinaux et de minettes anorexiques censées titiller l’auditeur juvénile! Bref, ce qui se veut un road-movie ressemble davantage à un égarement structurel, vulgairement guidé par des humeurs de bas-ventre.

Pour masquer la pauvreté du scénario, Smith organise alors une impressionnante parade de cameos censée flatter la complicité du spectateur et répandre de la poudre scintillante sur le sillage. D’un côté, les accoutumés (Ben Affleck, Jason Lee, Matt Damon), et de l’autre, acteurs et personnages empruntés au large bassin des films cultes. Tous ces noms qui se dandinent sur l’écran valent bien leur pesant de célébrité certes, mais ils n’apportent pas plus de chair au récit. À force de clins d’oeil, on risque toujours l’aveuglement.

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