De l'amour : Coup de mou
Cinéma

De l’amour : Coup de mou

Tout ramolli, le gars devant la Virginie! En voulant une ode à la belle, il a créé un grand plat de mollasserie surgelée… Surprenant de la part de Jean-François Richet, celui qui le premier a filmé "de l’intérieur" la vie des cités. Richet avait la hargne militante quand, avec les moyens du bord, il a réalisé État des lieux et, surtout Ma 6-T va  crack-er.

Tout ramolli, le gars devant la Virginie! En voulant une ode à la belle, il a créé un grand plat de mollasserie surgelée… Surprenant de la part de Jean-François Richet, celui qui le premier a filmé "de l’intérieur" la vie des cités. Richet avait la hargne militante quand, avec les moyens du bord, il a réalisé État des lieux et, surtout Ma 6-T va crack-er. Dans ce dernier, il actionnait le système d’alarme en faisant du cinéma-vérité: il prônait l’action plutôt que le laisser-aller. Sur un rythme hip-hop, il a su montrer le désengagement d’une société, la dissolution des liens communautaires, et la rage qui en résulte. À la fin du film, étonnante égérie communiste, apparaissait Virginie Ledoyen. Le gars a dû flasher sur elle comme un fou, puisque revoilà l’actrice en héroïne de son troisième long métrage. Elle joue Maria, une fille plus jeune que la comédienne, insouciante et protégée par ses parents. Sa vie se partage entre un stage en usine, sa meilleure amie (Mar Sodupe), son amoureux, Karim (Yazid Aït), et le copain de ce dernier, Manu (Stomy Bugsy). Parce qu’un jour, il lui prend l’envie de voler une culotte au supermarché, Maria se retrouve en garde à vue. Et tout bascule.

Qu’est-ce que c’est que ce nouveau couplet sur les banlieues? Les mauvais garçons sont devenus de gentils bougres qui bossent en usine et qui ont un prêt de 10 ans sur leur voiture. Soudainement, ils savent parler aux filles et ils foutent à la porte les vendeurs de dope. Les filles, elles, sont romantiques et écervelées, et leurs parents sortent du Front populaire. Et c’est sans parler des caricatures de flics: l’un est un pitbull demeuré (Jean-François Stévenin), et l’autre, un inspecteur qui se prend pour le saint François d’Assise des cités (Bruno Puzulu). Deux excellents acteurs dont on se demande quelles sont les convictions politiques, artistiques ou financières qui les poussent à venir ramer dans cette galère. Même les molosses en laisse ont l’air de caniches… Faudrait savoir! Poudrière ou pas poudrière, la cité?

Même en passant outre à ce parti pris du bonheur en zone pavillonnaire, il reste que De l’amour tombe à plat. On passe les trois quarts du film à stagner dans une mise en scène de série télé, avec travelling soft sur le travail en usine (on est loin du dernier plan de La Vie rêvée des anges) et plans avantageux de miss Ledoyen, qui devrait un jour finir par comprendre que jouer ne veut pas dire se cantonner dans le même rôle (moue boudeuse, sourire minute, fausse candeur et seins à l’air). Et ce n’est pas la dramatisation finale avec lumière blafarde et pluie de rigueur (parce que ça fouette les sangs) qui vient arranger les choses. C’est bien de se battre pour l’amour, mais Richet aurait pu faire cela en silence…

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