Maybe Baby : Humour stérile
Cinéma

Maybe Baby : Humour stérile

Il est de ces auteurs qui pensent que le simple fait d’avoir vécu quelque épisode extravagant confère à leur témoignage une once de plus-value. Prenez l’auteur, acteur et scénariste britannique Ben Elton: sa femme et lui éprouvaient quelque difficulté à s’assurer une descendance.

Il est de ces auteurs qui pensent que le simple fait d’avoir vécu quelque épisode extravagant confère à leur témoignage une once de plus-value. Prenez l’auteur, acteur et scénariste britannique Ben Elton: sa femme et lui éprouvaient quelque difficulté à s’assurer une descendance. Plus ils voulaient, moins ça arrivait. Alors ils ont déprimé un brin et poireauté des heures sur les bancs d’hôpitaux, un petit gobelet dans la main. Du coup, Elton a jugé intéressant de partager la chose avec ses contemporains. Sauf que, devant un tel étalage, le spectateur peut décider de rester gentiment à la porte alors que le cinéaste défonce au bulldozer les murs de son intimité.

Ce qui agace avec Maybe Baby, c’est cette prétention à la comédie avec des situations dénuées d’imagination et qui s’appliquent à calquer médiocrement tous les quiproquos que peut inspirer l’obsession de se voir géniteur. Et pour s’ennuyer, pas besoin de haïr l’humour british, car la présence même d’une forme quelconque humour est ici mise en question. Gag après gag, la même pauvreté d’intrigue et de texte condamne les lèvres à une horizontalité inconsolable! Pourtant, Ben Elton est un pilier de l’humour britannique puisque en plus d’avoir scénarisé nombre de séries-cultes à la télé (The Young Ones, Blackadder et quelques Mr. Bean), il monte ses propres shows et s’adonne à la littérature (Popcorn). Il est clair cependant que du point de vue de la mise en scène, il y a toujours du chemin à faire.

Le ton des acteurs est, de plus, étrangement décalé et artificiel, comme s’ils jouaient dans une sitcom alors que les décors et les moyens sont ceux du cinéma. Le couple Bell (Hugh Laurie et Joely Richardson) fait de son mieux pour se rendre attachant mais n’inspire que du pathos. Pendant une bonne heure, des médecins leur farfouillent l’entrejambe et analysent leurs fluides. Épuisée, l’intrigue adopte ensuite un virage radical en se lançant dans une désolante mise en abyme où Sam Bell, producteur à BBC, décide de porter à l’écran le récit de leur quête d’un rejeton. Le tout saupoudré d’une pincée de têtes d’affiches qui assurent du gros nom au générique (Emma Thomson en grano et Rowan Atkinson, alias Mr. Bean, en gynéco, peut-être le seul personnage susceptible de faire décocher un sourire).

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