The Deep End : Sans peur et sans reproche
Cinéma

The Deep End : Sans peur et sans reproche

Second long métrage écrit et réalisé par Scott McGehee et David Siegel, The Deep End est inspiré de The Blank Wall, un roman noir d’Elizabeth Sanxay Holding, publié en  1947.

Faire les courses, le ménage, le lavage, les repas, reconduire son fils aîné (Jonathan Tucker) à son cours de trompette, sa fille, à sa classe de ballet (Tamara Hope) et le petit dernier (Jordan Dorrance), à sa pratique de base-ball, sans compter le beau-père (Peter Donat), dont il faut s’occuper: pas évident, une journée dans la vie de mère de famille (Tilda Swinton), quand le mari militaire est en mer, et qu’on vient de plonger un cadavre dans le fond du lac Tahoe.

Second long métrage écrit et réalisé par Scott McGehee et David Siegel, The Deep End est inspiré de The Blank Wall, un roman noir d’Elizabeth Sanxay Holding, publié en 1947. Quarante-cinq ans plus tard, cette histoire d’une femme, qui fait disparaître le corps de l’amant de sa fille, est devenue – évolution des moeurs oblige – celle d’une mère faisant disparaître le corps de l’amant de son fils adolescent. Lorsqu’un beau maître chanteur (Goran Visnjic) viendra la relancer, la "supermom" devra assumer jusqu’au bout la protection de sa famille. Oui, mais comment, et jusqu’où ira-t-elle?

Sept ans après l’excellent Suture, dans lequel un amnésique était accusé de meurtre (un genre de Memento linéaire), McGehee et Siegel poursuivent dans la veine du thriller. En plaçant leur trame, somme toute assez classique (quelqu’un d’ordinaire plongé dans des circonstances extraordinaires) dans un décor bucolique, les cinéastes renforcent le malaise, à l’image de cet immense lac, glacial et inquiétant. En centrant leur récit sur le personnage féminin, ils renouent avec le film noir traditionnel, genre Mildred Pierce, et le poussent une coche plus loin. L’intrigue n’est pas banale, le scénario ménage les surprises, et l’interprétation est de premier ordre.

Alors, comment se fait-il que ce film sans reproche laisse un peu sur sa faim? Hormis quelques légères invraisemblances (par exemple, les deux enfants ados qui ne bronchent absolument pas devant les agissements bizarres de leur mère), The Deep End est victime de sa sobriété, film d’atmosphère, où le suspense est plus suggéré que nourri. Impeccablement filmé, le piège qui se referme sur cette femme ne suscite pas l’angoisse voulue, nous laissant admiratifs, mais froids. Un peu à l’image de Tilda Swinton, dont l’intelligence de jeu et le physique nordique ont déjà été autrement plus brûlants, dans The War Zone. Un bon petit thriller, sans plus.

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