Deux soeurs pour un roi : Les liens du sang
Cinéma

Deux soeurs pour un roi : Les liens du sang

Deux soeurs pour un roi, de Justin Chadwick, s’intéresse à la mère et à la tante d’Élisabeth 1re.

Les Médicis, les Valois, les Tudor… Des noms qui ont traversé le temps et qui évoquent encore aujourd’hui de passionnantes intrigues politiques et amoureuses, tout en faisant paraître les Windsor, les Grimaldi et autres têtes couronnées comme de vulgaires people aux prises avec leurs banales histoires de coucheries.

Hélas, c’est davantage à la seconde catégorie que ressemblent les personnages que fait évoluer Justin Chadwick, réalisateur de télé anglais, à la cour d’Henri VIII (Eric Bana). Dire qu’avec The Queen, Stephen Frears avait réussi à signer un superbe portrait de femme, la présente reine d’Angleterre, en revenant sur les événements entourant la mort de la princesse du peuple…

Négligée par les historiens, romanciers et cinéastes, Mary Boleyn (Scarlett Johansson), soeur cadette d’Anne Boleyn (Natalie Portman) pour qui Henri VIII rompit avec l’Église catholique afin d’en faire sa deuxième épouse, connut un destin, certes moins fatal que celui de sa frangine et de son frère George (Jim Sturgess), mais néanmoins intéressant. Ainsi, elle fut notamment la maîtresse du roi et lui donna même un héritier, qui n’accéda cependant jamais au trône.

Adaptation du roman de Philippa Gregory, Deux soeurs pour un roi ressemble à un coûteux téléfilm en costumes, lesquels n’ont pas la somptuosité de ceux d’Elizabeth, pas plus que les décors d’ailleurs, où les acteurs auraient toutes leurs intentions inscrites sur le front – à titre d’exemple, le manipulateur duc de Norfolk interprété sans nuance par David Morrissey.

De fait, en plus de prendre de grandes libertés avec l’Histoire et de tourner les coins rond, le réalisateur, qui avait pourtant sous la main une distribution plutôt prestigieuse, n’a pas su en tirer profit. Hormis Kristin Scott Thomas, humaine sous la coiffe rigide de lady Boleyn, peu d’acteurs arrivent à réellement briller dans ce drame historique sans éclat. Difficile de les blâmer puisque les personnages qu’ils défendent sont unidimensionnels.

Était-ce vraiment l’intention du réalisateur de faire passer Mary pour une gourde dolente, Anne pour une garce dégourdie et Henri pour un rustre ne pensant qu’avec ce qui gigote dans sa culotte? À moins d’être un inconditionnel de la dynastie des Tudor, la leçon d’histoire superficielle que livre Chadwick satisfera sans doute bien peu d’élèves. Quant à ceux ignorant tout des origines d’Élisabeth 1re, sans doute trouveront-ils de quoi rigoler devant ce spectacle de guignols.

À voir si vous aimez /
Anne of the Thousand Days, de Charles Jarrott; Elizabeth, de Shekhar Kapur; la télé-série The Tudors