Igor : Monstres inc.
Cinéma

Igor : Monstres inc.

Dans Igor, de Tony Leondis, animation, horreur et ironie mordante se croisent pour accoucher d’un divertissement soigné mais fortement référencé. Dites: bouuh!

Au royaume de Malaria, les Igor ne sont pas rois. En fait, ces bossus de condition modeste s’escriment au profit de leurs maîtres, savants craqués, qu’ils assistent dans la réalisation de leurs plans mortifères. Ce statut de sous-fifre ne plaît pas à tous les Igor. L’un d’entre eux, à l’emploi du vil Dr Glickenstein, nourrit de grandes aspirations: voler de ses propres ailes et plancher sur l’invention des inventions, celle qui enfoncera toutes les autres à la grande foire scientifique annuelle. Lorsque Glickenstein est victime d’une expérience ratée, notre Igor saisit sa chance. Assisté de ses acolytes Scamper et Brain, il investit le labo et entreprend de donner vie à une créature monstrueuse. Mais vraiment monstrueuse…

Curieux et fascinant univers que celui dépeint dans Igor, film d’animation réalisé par Tony Leondis. Il y a du gothique dans ces lieux sombres, où le soleil jamais ne brille et les habitants consacrent leur vie à accomplir le mal – décret royal oblige. On pense d’entrée de jeu au Corpse Bride de Tim Burton, en moins morbide, bien que l’humour sardonique déployé soit du même tonneau. Les meilleures blagues, au goût acidulé, sont distribuées en rafale par Scamper (voix de Steve Buscemi), un lapin cynique revenu de tout, qui ne manque pas de taper sur le benêt Brain (Brian Hayes), cerveau vivant enfermé dans un bocal. Leur numéro de couple mal assorti, bien que vieux comme le septième art, fonctionne à merveille.

Les travaux d’Igor (John Cusack, sympathique), dont l’ambition ultime consiste à créer la vie, reprennent là où un certain Dr Frankenstein s’était arrêté. Le scénariste Chris McKenna ne cache pas qu’il s’est fortement inspiré de ce classique du cinéma d’horreur. On le soupçonne d’avoir aussi visionné Shrek et Monsters Inc. à quelques occasions. Au bout du compte, le croisement de ces mondes donne vie à quelque chose de singulier, mais dont les coutures restent évidentes à l’oeil.

On regrettera par ailleurs que le canevas narratif, classique, avec happy end à la clé, offre la plupart de ses belles surprises en lever de rideau pour s’essouffler graduellement.

À voir si vous aimez /
Shrek d’Andrew Adamson, Corpse Bride de Tim Burton, Young Frankenstein de Mel Brooks